des 100 m de Bolt aux 200 m de Mennea

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Certains records sportifs restent dans la mémoire de tous les fans, comme le record d’Usain Bolt au 100 mètres masculin, égal à 9 »58. Il s’agit de performance exceptionnelle qui brisent les records précédents et résistent pendant de nombreuses années au niveau mondial ou national. De nombreux records du monde ont été établis aux Jeux olympiques ou lors d’épreuves organisées en préparation des Jeux, comme le récent record du monde du saut à la perche établi par Mondo Duplantis avec 6,25 m. D’autres records sont établis lors des championnats du monde (existant depuis 1983) ou dans d’autres compétitions. Cependant, tous les enregistrements ne sont pas « propres » : sur certains, suspicion de dopage. Aux JO de Paris 2024, à l’heure où nous rédigeons cet article, un seul record du monde d’athlétisme a été amélioré, celui du saut à la perche, mais il reste encore plusieurs épreuves à disputer.

10 records d’athlétisme

1. Le record le plus ancien, le 800 mètres féminin

Le record d’athlétisme le plus ancien appartient à une athlète d’un pays qui n’existe plus : Jarmila Kratochvilova, représentante de la Tchécoslovaquie. Le 26 juillet 1983, lors d’une course organisée à Munich, l’athlète a couru le 800 mètres en 1’53 »28, une époque que personne n’a jamais dépassée. Le record dure donc depuis 41 ans.

2. Le record masculin le plus ancien, le lancer du marteau

Même chez les hommes, le record du monde le plus long est détenu par un athlète d’un pays disparu : Yuriy Sedykh, représentant de l’Union soviétique, qui, le 30 août 1986, lors des championnats d’Europe de Stuttgart, lança l’outil sur 86,74 mètres. Le record dure donc depuis 38 ans.

Youri Sedykh
Youri Sedykh

3. Le saut en longueur et l’exploit de Bob Beamon

Il existait autrefois un adjectif dans le jargon journalistique, Beamonesque, pour désigner une performance exceptionnelle. Bob Beamon, un athlète afro-américain, a réussi un saut en longueur de 8,90 mètres, améliorant le précédent record de 55 cm. Jusqu’alors, le record avait été amélioré 13 fois et en moyenne chaque nouveau record dépassait le précédent de 6 centimètres. Le record de Beamon a tenu jusqu’en 1991, date à laquelle il a été dépassé par Mike Powell, un autre Afro-Américain, qui a sauté 8,95 mètres, ce qui constitue toujours un record du monde. La performance de Beamon en 1968 reste toujours un record olympique : personne n’a sauté plus que lui aux Jeux olympiques, même si 56 ans se sont écoulés !

Bob Beamon
Bob Beamon

4. Vitesse masculine et 100 et 200 mètres d’Usain Bolt

Le roi de la vitesse est un athlète retraité il y a quelques années : le Jamaïcain Usain Bolt. Ses records remontent tous deux aux championnats du monde organisés à Berlin en 2009. Le 16 août, Bolt a couru le 100 mètres en 9 »58, dépassant le précédent record de 9 »69, qu’il avait lui-même établi aux JO de Pékin. Quatre jours plus tard, Bolt a également amélioré le record du 200 mètres, kit en 19 »19, soit 11 centièmes de moins que le temps de 19 »30 qu’il a réalisé à Pékin.

Usain Boulon
Usain Bolt. Crédit : Stéphane Kempinaire, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

5. Vitesse féminine et 100 et 200 mètres de Florence Griffith

En vitesse féminine, les records du monde existent depuis 1988 et appartiennent à l’Afro-Américaine Florence Griffith Joyner. Au essais Américains (c’est-à-dire les sélections pour les Jeux olympiques des athlètes américains) Griffith a couru le 100 mètres en 10 »34 ; aux Jeux olympiques de Séoul, il a amélioré le record du monde du 200 mètres en courant 21 »34. Ses records durent donc depuis 36 ans. Flo-Jo, comme était surnommée l’athlète, est décédée en 1998 à seulement 38 ans d’une crise d’épilepsie qui l’a frappée dans son sommeil. Les soupçons selon lesquels les records, ainsi que la mort subite, seraient une conséquence du dopage sont très forts, même s’ils n’ont jamais été prouvés.

Florence Griffith Joyner en 1988
Florence Griffith Joyner en 1988

6. Pietro Mennea détenteur du record depuis 17 ans

Un athlète italien a détenu pendant de nombreuses années un record du monde de vitesse : Pietro Mennea. Le 12 septembre 1979, lors d’une course spécialement organisée à Mexico, le sprinteur court le 200 mètres en 19 »72, améliorant le record de 19 »83 que l’Américain Tommie Smith avait établi aux JO de Mexico. Le record n’a été dépassé qu’en 1996 par Michael Johnson, qui ai essais Les Américains ont couru en 19 »66. Le temps de Mennea constitue encore aujourd’hui un record italien et européen.

Mennéa en 1974
Mennéa en 1974

7. Un Italien sur le toit du monde : le saut en hauteur de Sara Simeoni

Une athlète italienne a détenu pendant quatre ans le record du monde de saut en hauteur : Sara Simeoni, qui en 1978 a dépassé la marque de 2,01 mètres, un centimètre au-delà du précédent record d’exactement 2 mètres. En 1980, Simeoni a également remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Moscou. Son record a été dépassé en 1982 par l’Allemande Ulrike Meyfarth, qui a sauté 2,02 mètres, tandis que le record du monde actuel est détenu par l’Ukrainienne Jaroslava Mahucich, qui a atteint une hauteur de 2,10 mètres le 7 juillet dernier.

Le saut record de Simeoni
Le record de saut de Sara Simeoni

8. En attendant Tamberi : les sauts en hauteur de Javier Sotomayor

Nous soutenons tous Gianmarco Tamberi, le premier athlète italien à remporter une médaille d’or olympique au saut en hauteur masculin. Cependant, le plus grand sauteur en hauteur de tous les temps a été le Cubain Javier Sotomayor, qui détient le record du monde depuis 31 ans : en 1993, lors d’une compétition organisée à Salamanque, il a dépassé la barre fixée à 2,45 mètres.

9. Le dernier record masculin d’Allemagne de l’Est : le lancer du disque de Jurgen Schult

L’Allemagne de l’Est, bien qu’étant un petit pays, était une « grande puissance sportive », capable de faire émerger des athlètes du plus haut niveau. Le dopage, utilisé à grande échelle, y est certes pour quelque chose, mais les succès sont aussi dus à l’organisation et aux investissements. Un athlète est-allemand, Jurgen Schult, a perdu le record du monde il y a quelques mois lorsque la mesure de 74,08 mètres au lancer du disquequ’il avait réalisé en 1986, a été dépassé par le Lituanien Mykolas Alenka, qui a lancé l’engin à 74,35 mètres.

Deux records féminins appartiennent encore aux athlètes est-allemandes : le 400 mètres, avec un temps de 47 »60 établi en 1985 par Marita Koch, et le lancer du disque, avec une distance de 76,80 mètres (un outil plus léger que celui masculin) réalisé par Gabriele Reinsch en 1988. Même dans ce cas, les soupçons de dopage sont forts, mais ils n’ont jamais été prouvés.

Jurgen Schult (crédits Bundearchiv)
Jürgen Schult. Crédit : Bundearchiv, via Wikimedia Commons

10. 35 fois record du monde : le saut à la perche de Sergei Bubka

Un athlète a amélioré le record du monde trente-cinq fois (18 en salle et 17 en extérieur). Il s’agit de Sergej Bubka, sauteur à la perche soviétique puis ukrainien, qui a établi le premier record du monde en 1984, avec la mesure de 5,85 mètres (en extérieur). Au cours des années suivantes, Bubka a amélioré le record 34 fois de plus, atteignant i 6,15 mètres en 1993 (en salle). Cette mesure constituait un record du monde jusqu’en 2014, lorsque le Français Renaud Lavillenie a sauté 6,16 mètres. A Paris 2024, le Suédois Armand Duplantis, déjà détenteur du record du monde, a dépassé la barre fixée à 6,25 mètres, établissant ainsi le nouveau record.

Sources

Jeux olympiques.com

Sergio Giuntini, Le sport de la triche. Histoire du dopage de Dorando Pietri à Alex Schwazer, Ediciclo 2023

Sergio Giuntini, Histoire compétitive, sociale et politique de l’athlétisme italien, Aracne 2017