On ne peut pas plaisanter avec le cancer : les dangereuses absurdités dites par Elle McPerhson
Être journaliste est un métier qui demande des responsabilités. Surtout quand on écrit sur la santé, et encore plus quand on parle de cancer. Car un titre dragueur n’est plus une peccadille s’il peut pousser les lecteurs à se méfier de la médecine scientifique, mais il se transforme en un message dangereux. Prenons le cas d’Elle Macpherson : le mannequin australien récemment révélé dans une interview publiée par le magazine L’hebdomadaire de la femme australienne d’avoir reçu un diagnostic de cancer du sein il y a sept ans et d’avoir choisi de refuser la chimiothérapie au profit des thérapies complémentaires et de la médecine holistique. Une décision certes légitime – en fin de compte, la vie lui appartient et elle a le droit d’en faire ce qu’elle veut – mais elle ne peut être présentée comme n’importe quel choix, rationnel et sans conséquences.
Elle Macpherson refuse la chimiothérapie après un cancer
C’est évidemment exactement ce que plusieurs journaux italiens ont décidé de faire. Comme Il Messaggero, qui a choisi de titrer « Elle Macpherson et le cancer du sein : «J’ai refusé la chimiothérapie recommandée par 32 médecins. Je me suis soignée avec la médecine holistique» », au-dessus d’une photo de la belle et souriante mannequin, qui donne l’impression d’avoir a pris la bonne décision, et cette histoire lui a donné raison.
Avec la plus grande courtoisie, mieux vaut le réitérer plutôt que de ne pas le faire : ignorer l’avis de 32 médecins (si tel est réellement le cas) ne peut être qu’un choix insensé et dangereux, et que le recours à la naturopathie, aux dentistes holistiques, à l’ostéopathie, à la chiropratique et la thérapie psychologique (l’équipe de spécialistes à laquelle il prétend avoir confié sa santé après avoir refusé le traitement) en cas de cancer est, au mieux, totalement inutile. Du moins si nous parlons de vaincre le cancer.
Elle Macpherson a juste eu de la chance
Comment est-il alors possible qu’Elle Macpherson soit toujours là pour nous raconter son histoire, malgré son choix de se méfier de la médecine scientifique ? Tout est question de chance, une variable qui entre toujours en jeu en médecine. Mais il est également bon de dire que dans son cas, il n’en aurait peut-être pas fallu beaucoup. La tumeur dont elle dit souffrir est en fait un carcinome intracanalaire Her2 positif et sensible aux œstrogènes, une tumeur du sein typiquement bénigne, qui n’est opérée que parce qu’elle présente un risque relativement élevé qu’elle puisse se transformer en une forme invasive si elle est laissée à elle-même. propres appareils.
Si l’on prend au pied de la lettre le diagnostic posé par le modèle australien, il s’agissait d’un cancer au pronostic extrêmement favorable, qui dans certains cas ne nécessite pas de thérapies pharmacologiques ou de radiothérapie après une intervention chirurgicale (à laquelle Macpherson a été soumise). La mastectomie qu’elle dit avoir refusée, la radiothérapie et l’hormonothérapie (tamoxifène, un médicament qui inhibe le développement des cellules tumorales sensibles aux hormones féminines), sont autant d’options que les oncologues peuvent décider de proposer après avoir étudié minutieusement la patiente, car dans le Il a été démontré que dans de bonnes conditions, ils réduisent le risque de récidive de la tumeur des années plus tard.
L’ostéopathie, la méditation, la naturopathie et la médecine holistique n’ont cependant jamais démontré une quelconque efficacité pour lutter contre le développement de tumeurs ou l’apparition de rechutes. Si l’on décide de compter sur la chance, comme Elle Macpherson l’a fait sans s’en rendre compte, les choses peuvent quand même bien finir (du moins dans le cas de tumeurs somme toute bénignes comme la sienne). Toutefois, si vous choisissez de recourir aux médicaments, les chances augmentent considérablement. Et il est important de le dire à nos lecteurs, afin qu’ils ne fassent pas des choix qui, presque toujours, finissent malheureusement avec un coût trop élevé.