Suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, accord dont dépendent des échanges commerciaux d’une valeur de 48 milliards d’euros par an. C’est ce que demande à Bruxelles une soixantaine d’organisations internationales de défense de la liberté de la presse, pointant du doigt les atteintes à la liberté des médias et l’assassinat d’un nombre « sans précédent » de journalistes par Tel-Aviv lors de la guerre à Gaza contre le Hamas.
Des journalistes attaqués
Après l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a adopté une série de mesures « pour limiter la liberté des médias qui ont effectivement conduit à l’instauration d’un régime de censure », lit-on dans la lettre envoyée à la Commission européenne et signée, entre autres, par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières, Human Rights Watch et la Fédération européenne des journalistes. Les signataires demandent au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et au commissaire au Commerce Valdis Dombrovskis la suspension de l’accord d’association, qui concerne notamment le commerce, et des « sanctions ciblées contre les responsables » de violations des droits de l’homme.
L’appel
Depuis le 7 octobre, plus de 100 journalistes palestiniens sont morts dans le conflit, ainsi que deux Israéliens et trois Libanais, ce qui en fait « la période la plus meurtrière » pour la presse depuis des décennies, poursuit la lettre. Certaines des victimes pourraient avoir été « ciblées », accusent les organisations signataires. Les ONG rappellent également l’interdiction de facto faite aux journalistes étrangers d’entrer dans la bande de Gaza et les « détentions arbitraires » de professionnels de l’information. « L’effet cumulé de ces abus crée les conditions d’un vide informationnel, et laisse également place à la propagande et à la désinformation », soulignent les signataires.
Relations commerciales
L’appel des ONG trouvera sans doute un accord auprès de Borrell, qui avait déjà évoqué en mai la possibilité de suspendre l’accord d’association. Mais le Haut Représentant de l’UE ne pourra guère donner suite à cette mesure : pour cela, il faudrait l’unanimité des 27 Etats membres.
L’UE est le principal partenaire commercial de Tel-Aviv : en 2022, 25,6 % des exportations de biens d’Israël vers le monde étaient dirigées vers les pays de l’UE. Entre biens et services, la valeur des exportations israéliennes vers l’UE s’élève à plus de 26 milliards d’euros, selon les données du Conseil européen.