L’eurodéputé Anti-Vax qui agitait le visage de Jésus à Strasbourg exclu des élections présidentielles

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La Cour constitutionnelle roumaine a rejeté à deux reprises, en quelques jours seulement, la candidature présidentielle de l’eurodéputée d’extrême droite Diana Șoșoacă. L’homme politique, connu pour ses positions sur NoVax, s’est retrouvé sous le feu des projecteurs internationaux après avoir interrompu la session plénière du Parlement européen en juillet dernier en criant et en brandissant une image de la sainte face de Jésus, accompagnée d’un sac poubelle. L’explication officielle de cette décision des juges n’a pas encore été rendue publique, ce qui provoque une tempête en Roumanie. Entre-temps, Șoșoacă s’en prend à la Cour, à l’Union européenne, à Israël et aux États-Unis, qui, selon elle, complotent contre elle.

Qui est Diana Șoșoacă

Élue au Parlement européen en juin, Șoșoacă est la leader du parti SOS Roumanie et est connue pour ses positions extrémistes : elle s’oppose à l’aide à l’Ukraine, défend des liens plus étroits avec la Russie et avait même déclaré que la Roumanie devrait annexer certains territoires ukrainiens. Ses propos xénophobes et antisémites sont fréquents. En juillet, elle a été expulsée de force de l’hémicycle du Parlement européen lors du débat sur la confiance accordée à Ursula von der Leyen. La députée célèbre pour ses positions No Vax a interrompu la discussion en criant et en brandissant une image du saint visage de Jésus, un sac poubelle et portant une muselière pour chien. Ses cris étaient dirigés contre la « dictature » européenne et sont intervenus lors du discours de la chef des libéraux de Renew, Valérie Hayer.

Les accusations contre le député européen Șoșoacă

La candidature de Șoșoacă a été contestée par deux personnes. L’une d’entre elles, Analia Bellantoni, est une ancienne représentante de SOS Roumanie et a accusé le député européen d’avoir soumis des signatures frauduleuses au Bureau électoral central. Après le premier rejet par la Cour constitutionnelle samedi 5 octobre, l’homme politique du No Vax a déposé à nouveau sa candidature le même jour, dernier jour disponible. Le soir du 6 octobre, les juges se sont à nouveau réunis pour confirmer la décision. Șoșoacă a contesté l’autorité du tribunal à vérifier les signatures qu’elle a soumises, accusant les juges de violer la Constitution roumaine et la Convention européenne des droits de l’homme. C’est la première fois que la candidature d’un homme politique est rejetée par la Cour suprême roumaine.

Tempête en Roumanie après l’exclusion de Șoșoacă

Cette décision a suscité de vives critiques dans le monde politique roumain. L’opposition a accusé les juges de servir les intérêts du PSD (Parti social-démocrate), le parti au pouvoir, suggérant que la destitution de Șoșoacă favoriserait un autre candidat extrémiste, George Simion. Une tactique visant à favoriser la victoire aux élections présidentielles de Marcel Ciolacu, actuel premier ministre et leader du PSD. Le candidat indépendant à la présidentielle Mircea Geoană a condamné la décision du tribunal, mettant en garde contre ses implications antidémocratiques.

Cris dans la Chambre brandissant Jésus et un sac poubelle, le député No Vax expulsé

Des différends sont également venus des libéraux, qui gouvernent actuellement avec les sociaux-démocrates. Le Premier ministre Ciolacu a appelé la Cour constitutionnelle à publier rapidement son raisonnement, qui, selon lui, doit s’appuyer sur « des bases juridiques et constitutionnelles solides ». Il a ajouté que le rôle principal de la Cour constitutionnelle est de protéger les droits des candidats, « et non de faire obstacle à leur participation aux élections ».

Les accusations de Șoșoacă contre l’UE, Israël et les États-Unis

Face au retrait de sa candidature, Șoșoacă a réagi avec véhémence, accusant l’Union européenne, le peuple juif, les Américains et les Français d’avoir comploté contre elle, et condamnant le tribunal roumain. Dans une interview avec Politique l’eurodéputé d’extrême droite a attaqué les services de renseignement israéliens et américains pour avoir « influencer la décision de la Cour ». « C’est parce que je suis en tête des élections présidentielles et que je veux obtenir l’indépendance de la Roumanie », a déclaré l’homme politique roumaine en référence à son exclusion. Selon un récent sondage, environ 13,6 pour cent voteraient pour Șoșoacă, la plaçant à la quatrième place dans la bataille présidentielle.