Les auditions des commissaires européens : qu’est-ce qu’elles sont et comment elles se déroulent

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Les auditions des futurs commissaires européens ont commencé à Bruxelles, qui détermineront si les candidats désignés par les gouvernements de l’UE réussiront l’examen à la Chambre et pourront prendre leurs fonctions dans le nouvel exécutif dirigé par Ursula von der Leyen. Tout comme dans les institutions nationales, un gouvernement ne peut être formé sans l’approbation du Parlement, il en va de même pour l’exécutif communautaire, qui a besoin du feu vert de l’Assemblée de Bruxelles et de Strasbourg.

Dans ce processus, les auditions des aspirants commissaires constituent un moment crucial pour la démocratie européenne, au cours duquel le Parlement teste chaque candidat sur les thèmes de son portefeuille, avec des questions et des demandes de précisions. Une vraie question qui peut aussi conduire à l’échec de l’interviewé. Mais comment se déroulent concrètement ces auditions ? Comment le processus est-il structuré ?

Les nominations du président de la Commission

Avec la réélection en juillet dernier d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, les principaux objectifs de l’exécutif et la liste des portefeuilles à attribuer ont été esquissés, des plus traditionnels comme la Santé et la Défense aux nouveaux comme celui de la Méditerranée.

Chaque État désignait un candidat puis le président de la Commission choisissait quel rôle lui attribuer. Par exemple, l’Italien Raffaele Fitto s’est vu confier le rôle de vice-président exécutif pour la cohésion et les réformes. Mais désormais, comme tous les autres candidats, il sera appelé à démontrer non seulement sa compétence pour son rôle, mais aussi son intégrité et sa transparence.

Le vérifier sur les conflits d’intérêts

Avant les auditions proprement dites, le Parlement vérifie que les futurs commissaires n’ont pas de conflits d’intérêts. La commission des affaires juridiques examine les déclarations d’intérêts financiers de chaque candidat afin d’éviter des situations ambiguës ou potentiellement problématiques. Cette vérification est déjà effectuée pour le nouvel exécutif, et aucun des candidats n’a présenté de conflits d’intérêts.

Les audiences

Une fois le contrôle des conflits d’intérêts passé, chaque candidat est convoqué pour une audition publique de trois heures devant la commission parlementaire chargée du secteur qui lui est attribué : Je serai par exemple interrogé par les députés de la commission des Affaires régionales (Regi ). Le candidat doit répondre à des questions détaillées posées par les députés, qui visent à évaluer leurs compétences et leur préparation. (Voici le calendrier complet)

Ce moment est crucial : les commissaires doivent montrer qu’ils possèdent les connaissances nécessaires à leur rôle et la capacité de répondre aux questions les plus urgentes pour l’Europe. Pour se préparer, les candidats répondent à l’avance à un questionnaire écrit afin de démontrer leur connaissance du portefeuille et des priorités de l’UE. Evidemment dans cette tâche difficile ils sont aidés par les fonctionnaires de la Direction Générale de la Commission qu’ils devront diriger, qui préparent chacun d’eux un dossier sur les sujets qui feront probablement l’objet de l’audition. En pratique, ils le prépareront à l’examen.

Le jugement

Après les audiences, le jugement est confié au président et aux représentants des groupes politiques (coordonnateurs) des différentes commissions. Ces derniers s’expriment pour ou contre le commissaire, avec un vote « pondéré », ce qui signifie que chaque leader dispose d’un pouvoir de vote proportionnel à la taille du groupe qu’il représente.

Les coordinateurs de la commission peuvent approuver ou rejeter les commissaires désignés par consensus ou, si les avis sont discordants, le soutien de coordinateurs représentant au moins les deux tiers des membres de la commission est nécessaire. Si l’audience n’est pas jugée satisfaisante, les commissaires désignés peuvent être « renvoyés » et être invités à répondre à d’autres questions écrites ou à revenir à la Chambre pour une deuxième audience.

Dans les cas les plus extrêmes, un commissaire peut être rejeté et l’État membre doit proposer un nouveau candidat en accord avec le président de la Commission. Le nouveau candidat doit également passer par toutes les étapes préparatoires et une audition de confirmation au Parlement. A la fin du processus, les lettres d’évaluation des différentes commissions sont envoyées à la Conférence des présidents, organe composé du président de la Chambre et des chefs des groupes politiques du Parlement, qui peut demander des informations complémentaires ou déclarer la confirmation. audiences closes.

Le rejet

En 2019, les députés ont rejeté trois candidats : la Roumaine Rovana Plumb, la Française Sylvie Goulard et le Hongrois László Trócsányi, les gouvernements des trois nations étant contraints de présenter un autre nom. En 2004, pour la première fois dans l’histoire de l’institution, c’est l’Italien Rocco Buttiglione, commissaire à la Justice désigné par le premier ministre de l’époque, Silvio Berlusconi, qui est rejeté par le Parlement européen pour ses positions jugées trop conservatrices sur le rôle de l’institution. les femmes et sur « l’homosexualité ».

Le vote de confiance

Une fois toutes les auditions de confirmation terminées, nous passons au vote de confiance proprement dit. Le président de la Commission présente le Collège des commissaires désignés et son programme lors d’un débat lors de la première séance plénière suivant les auditions et à la fin du débat, le Parlement européen vote sur la Commission dans son ensemble. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’exécutif pourra prendre ses fonctions.

Les auditions à venir : le deuxième mandat de von der Leyen

Pour le deuxième mandat de von der Leyen, les auditions sont prévues du 4 au 12 novembre 2024. Elles débuteront avec Maroš Šefčovič, chargé du portefeuille du commerce et de la sécurité économique, et se termineront avec les vice-présidents exécutifs et le haut représentant pour Affaires étrangères.