Le vote aux Pays-Bas récompense le parti libéral de Rob Jetten : défaite de l’extrême droite de Wilders

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Après un long décompte, qui a duré plus de 24 heures, le chef du parti D66, le libéral Rob Jetten, semble avoir pris le dessus sur le représentant d’extrême droite du PVV, Geert Wilders, en remportant les élections aux Pays-Bas. Les résultats restent officieux, mais Jetten, 38 ans, est bien placé pour devenir le plus jeune dirigeant de la cinquième économie de l’Union européenne. Les prochaines étapes seront la formation d’un exécutif : les négociations pour la formation de la coalition gouvernementale s’annoncent longues.

Des votes encore partiels mais clairs

A l’issue du vote partiel, le Parti libéral a été le plus voté. Le service électoral de l’ANP a déclaré la victoire du D66, qui devançait de plus de 15 200 voix après le dépouillement. Le parti d’extrême droite de Geert Wilders ne parvient plus à combler l’écart de voix qui le sépare des libéraux.

L’issue a été décisive dans la ville de Venray, où en 2023 le PVV avait passé le D66. Aujourd’hui, c’est le parti libéral-progressiste qui s’est imposé parmi les électeurs qui ont voté par correspondance. En attendant les votes des 135 000 Néerlandais résidents à l’étranger – traditionnellement plus proches des positions du centre politique – le Service électoral a établi le scrutin préliminaire, qui devra désormais être validé par la commission électorale néerlandaise.

Mais le résultat semble déjà clair. Car selon le rapport électoral, Jetten pourrait même obtenir un siège de plus que Wilders. Après l’avantage initial du libéral-progressiste dans les urnes publiées mercredi soir à l’issue du scrutin, les deux partis sont à égalité à 26 sièges depuis le début du dépouillement : un siège supplémentaire permettrait donc au D66 de dépasser le PVV également en termes de représentation parlementaire.

Quand le gouvernement néerlandais sera-t-il formé ?

Le résultat définitif ne sera connu que lundi, lorsque le Bureau électoral central (Kiesraad) vérifiera le résultat des votes. La longue attente est liée au système électoral néerlandais : aux Pays-Bas, il n’y a pas de véritable seuil et la répartition des sièges se fait de manière entièrement proportionnelle. Il suffit d’obtenir 0,67 pour cent des voix pour entrer au Parlement. Un mécanisme qui assure la représentation même pour les plus petits partis, mais qui favorise la fragmentation et rend plus difficile la construction d’une coalition stable.

Coalitions possibles

Au vu des résultats partiels, les options pour un nouveau gouvernement semblent limitées. Une première hypothèse est une majorité de centre-droit dirigée par le D66, soutenu par les chrétiens-démocrates du CDA (18 sièges) et les libéraux du VVD (20 sièges). Mais cette alliance aurait besoin de neuf députés supplémentaires, qui pourraient provenir de la droite modérée de JA21 ou du soutien extérieur de petits partis conservateurs comme 50+ ou ChristenUnie. Pour autant, la majorité serait fragile : environ 80 sièges sur 76 nécessaires, répartis entre au moins six forces politiques.

Un scénario plus stable, mais politiquement plus complexe, serait une coalition entre le D66, le CDA et le VVD ainsi que le centre-gauche, représenté par les travaillistes et les Verts. Dans ce cas, le leader du D66, Rob Jetten, pourrait compter sur environ 86 sièges, regroupant la majeure partie de l’échiquier politique, à l’exclusion des extrémistes. Mais le leader du VVD, Dilan Yesilgoz, a déjà exclu toute participation à un « gouvernement de gauche ».

La formation du nouvel exécutif s’annonce donc longue et compliquée. Quelle que soit la formule finale, il apparaît certain que le futur gouvernement néerlandais maintiendra une orientation pro-européenne, mais devra s’appuyer sur un équilibre précaire entre des forces politiques très différentes.