Le trajet vers le réarmement commence, mais l’Europe est loin de l’objectif de 3% demandé par Macron

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Le président français, Emmanuel Macron, a fait en sorte que les pays européens soient à coucher en demandant à augmenter rapidement les dépenses de défense et à l’apporter au moins 3% du produit intérieur brut. « Au cours des trois dernières années, les Russes ont dépensé 10% de leur PIB pour la défense. Nous devons donc préparer ce qui va arriver », a-t-il déclaré au journal Le Figarofixant un objectif d’environ « 3 / 3,5% ».

L’appel devient encore plus significatif après l’affrontement dramatique entre le président américain, Donald Trump, et le Ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche. Washington a maintenant clairement indiqué qu’il ne voyait plus la défense de l’Ukraine et de l’Europe en général comme priorité, ce qui signifie que désormais les États membres du blocus, mais aussi les autres nations de l’ancien continent, devront faire de plus en plus de mission uniquement et exclusivement sur leur propre force.

Objectifs distants

Mais les objectifs fixés par Macron à cette fin semblent difficiles à atteindre, si vous pensez que seuls quatre États membres de l’UE et de l’OTAN dépensent plus de 3% de leur PIB dans les armements. La vérité est que pendant des décennies, les Européens ont largement délégué le coût de leur sécurité au puissant allié à l’étranger et réduit leurs dépenses militaires, estimant que la possibilité d’une guerre dans l’ancien continent était très éloignée. Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie par Vladimir Poutine a radicalement changé son point de vue.

Le secteur des armes vole: grâce au plan annoncé par von der Leyen

Les États-Unis, qui ont alloué près de 3,3% du PIB pour la défense en 2024, ont déjà critiqué le faible niveau de dépenses militaires de l’Europe avant l’avènement de Trump, même si ce n’est pas avec la même vigueur.

En 2024, les 23 États membres du syndicat qui sont également des membres de l’OTAN ont alloué collectivement 1,99% de leur PIB aux frais de défense. Ce chiffre devrait grimper 2,04% cette année. À l’heure actuelle, seule la Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Grèce dépassent les 3%, dirigés par Varsovie, qui a alloué plus de 4% aux armements, suivis par les deux États baltes qui partagent la frontière avec la Russie et qui dépensent respectivement 3,43 et 3,15 pour cent.

La Grèce, en quatrième place, alloue un peu plus de 3% à son armée, mais la plupart des autres pays européens de l’OTAN allouent environ 2% du PIB, le seuil minimum requis jusqu’à présent et qui n’est cependant plus considéré comme suffisant. Parmi ceux qui dépensent le plus figurent la Lituanie (2,85%) et la Finlande (2,41%), également près de la Russie, mais aussi du Danemark, du Royaume-Uni et de l’Allemagne.

La France, pour sa part, dépense actuellement un peu plus de 2% pour la défense, tandis que l’Italie s’arrête à un misérable 1,43%, restant sous le seuil de 2% avec six autres pays de l’UE (Espagne, Portugal, Belgique, Croatie, Slovénie et Luxembourg).

L’engagement à faire plus

Au sommet de Londres, deux jours seulement après l’affrontement entre Zelensky et Trump, les dirigeants européens ont offert une forte démonstration de soutien au président ukrainien et ont promis de faire plus pour aider Kiev dans la guerre contre la Russie. Les dirigeants européens ont convenu de la nécessité de dépenser plus pour la défense, pour démontrer à Trump que le continent est en mesure de se protéger, et l’exécutif communautaire étudie les moyens de soutenir l’effort.

« Je veux que la Commission soit donnée au mandat de recourir à un financement innovant. C’est-à-dire à la fois, le mécanisme de stabilité européen et de collecter des sommes considérables, les deux, nous aurons probablement au départ 200 milliards d’euros pour pouvoir investir », a déclaré Macron.

Le président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présentera son plan appelé Rearm Europe demain (mardi 4 mars) (ré-entrée en Europe), qui sera ensuite discuté au Conseil européen spécial le jeudi 6 mars. « Nous voulons une paix durable, mais une paix durable ne peut être construite que sur la force, et la force commence par le renforcement de nous-mêmes », a déclaré Von Der Leyen.