Personne ne croit au renversement du Brexit par un retour sensationnel au sein du bloc. Au contraire, après les années turbulentes de Boris Johnson, l’arrivée de Keir Starmer du parti travailliste à Downing Street pourrait coïncider avec un rapprochement entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, d’autant plus nécessaire des deux côtés de la Manche si de l’autre de l’autre côté de l’Atlantique, plus précisément à la Maison Blanche, si Donald Trump réapparaissait. Le projet de « restaurer » des relations plus solides a été confirmé par l’entourage du nouveau premier ministre britannique, et a été clairement réitéré par le roi Charles dans son discours sur le programme du nouveau gouvernement travailliste : l’exécutif de Starmer « tentera de réinitialiser les relations avec les Européens ». partenaires et travaillera à améliorer les relations commerciales et d’investissement du Royaume-Uni avec l’Union européenne », a déclaré le souverain au Parlement britannique.
Des propos qui pourraient trouver un premier champ d’application jeudi 18 juillet, lorsque Starmer lui-même accueillera les dirigeants de la Communauté politique européenne (CPE), cette institution informelle créée par le président français Emmanuel Macron pour créer une plateforme de dialogue et de coopération politique entre l’UE et ses voisins en réponse aux visées hégémoniques de la Russie (mais aussi de la Chine). Pour certains, la CPE pourrait également devenir une sorte d’Union européenne de second niveau dans laquelle pourraient entrer tous ceux qui, de gré ou de force, n’adhèrent pas à l’UE.
Le Royaume-Uni accueillera le nouveau sommet de l’EPC au palais de Blenheim, près d’Oxford. Et selon plusieurs responsables européens et britanniques, la rencontre pourrait être l’occasion de fixer les conditions d’un rapprochement entre Londres et Bruxelles. C’est Macron à ces heures-là qui a fait savoir qu’il aurait jeudi, en marge du sommet, une « première conversation approfondie » avec Starmer dans le but de « repenser » les relations entre les deux côtés de la Manche. « Nous avons tous un intérêt mutuel à voir ce rapprochement », ont déclaré à l’AFP des sources proches de l’Elysée. Mais il est également clair que, bien que moins tendues qu’à l’époque de Johnson, les divisions entre le Royaume-Uni et l’UE existent toujours et ne sont pas faciles à surmonter.
Starmer, écrit le Financial Times, souhaiterait « établir un pacte de défense et de sécurité de grande envergure » entre Londres et Bruxelles « et apaiser les tensions commerciales dans des secteurs tels que les produits agricoles ». Pour sa part, l’UE n’est pas ouverte à une relation dans laquelle le Royaume-Uni pourrait utiliser le marché unique européen à son avantage sans faire de concessions sur les aspects commerciaux qui intéressent le plus Bruxelles. En outre, il existe déjà sur la table des accords clairs, ceux de l’après-Brexit, signés par les prédécesseurs de Starmer et que l’UE souhaite voir appliqués sans hésitation.