Le transport maritime peut-il aller de pair avec l’énergie éolienne ? Avec « WISAMO» (Mobilité des voiles d'ailes), le projet innovant Michelin, est possible. L'entreprise, connue pour la production de pneus et le célèbre Guide, a conçu un voile à ailes gonflable pouvant être déployée instantanément, conçu pour s'adapter à tous les types de navires, y compris les cargos marchands. Le projet ne vise pas à remplacer les moteurs de ces navires, mais à les intégrer à une source d'énergie propre telle que l'énergie éolienne, pour en faire des navires hybrides à tous égards.
Michelin, qui utilise le transport maritime pour acheminer ses pneus partout dans le monde, a pensé à cette nouvelle technologie pour impacter moins sur l'environnement, s’efforçant de décarboner le transport maritime. Ce secteur représente en effet environ 90 % du commerce mondial et est responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sa croissance (qui, selon les estimations, triplera au cours des 25 prochaines années) a conduit àOrganisation maritime internationale imposer des réglementations qui imposent des réductions drastiques des gaz à effet de serre (on parle de 70 % de moins d’ici fin 2050).
C'est précisément dans ce but qu'une équipe suisse et française de Michelin a développé WISAMO, une solution hybride qui utilisel'énergie éolienne comme énergie supplémentaire, permettant de réduire la consommation de carburant de 10 à 20 % par navire.
WISAMO repose sur trois éléments clés : un voile à ailes de 100 m2 (il peut atteindre jusqu'à 800 m2) qui se gonfle autour d'un mât télescopique et qui est contrôlé par uninterface automatisée qui peut également être utilisé à distance grâce à des commandes numériques.
Comment fonctionne la voile Wisamo ?

La technologie WISAMO est particulièrement adaptée pour navires rouliersle Camion-benne et le pétroliers. Mais il peut également être installé sur tout type de navire, comme les yachts et les voiliers : qu'il s'agisse d'une rénovation pour un bateau existant ou d'un navire nouvellement construit, vous abaissez le mât du bateau, vous le connectez et il est ensuite prêt à l'emploi.
Mais voyons en détail comment cela fonctionne.

A l'intérieur de la voile WISAMO se trouve un mât télescopique (composé de sections qui montent et descendent) 100% rétractable et avec des fans à l'intérieur. Une fois activé, ce dernier pompe l'air à l'intérieur de la voile (qui vient gonflé à basse pression, permettant ainsi de maintenir le profil symétriquement et évitant les déformations dues au vent ou aux impacts). Au même moment l'arbre est ouvertsur lequel est modelée la voile qui capte le vent génère de l'énergie et pousse le bateau vers l'avant.
Une fois le navire quitté le port, il suffit d'appuyer sur un bouton et le système démarre automatiquement avec le réglage correct pour le navire spécifique, et la voile se déplie. Lorsqu'il faut rentrer au port ou passer sous un pont, le mât télescopique se rétracte, puis la voile se replie. Il en va de même en cas de mauvaises conditions météorologiques.

Wisamo est en effet équipé d'un système »brancher et utiliser» (c'est-à-dire « plug and play », sans que l'utilisateur ait à le configurer) très simple à installer et à utiliser. Ceci est essentiel car tous les membres de l'équipage sur la passerelle ne savent pas comment cela fonctionne, ils ont donc besoin d'un système qui fonctionne. indépendamment.
Par rapport à la voile traditionnelle qui possède une seule surface, la voile Wisamo est double, et a des performances bien supérieures au premier : en plus d'être très robuste, facteur qui lui permet de mieux résister aux tempêtes, il subit moins de contraintes mécaniques sur le tissu car il est gonflé. De plus, la géométrie de cette aile offre plus de portance.
Son spectre d'action est également parmi les plus larges jamais atteints, et il est efficace à de multiples rythmes, notamment celui de au près (contre le vent). Cet aspect faciliterait son utilisation sur toutes les routes maritimes, selon les besoins. Avec WISAMO, la route du navire peut varier légèrement pour profiter au maximum de la propulsion éolienne.
La première approbation

Le premier prototype de WISAMO a été installé sur le voilier du célèbre marin français Michel Desjoyeaux, à l'été 2021, résistant à des vents de 75 km/h.
Il y a un an, WISAMO était installé sur le navire roulier CMN Le Pélican naviguant au large dans le golfe de Gascogne entre Pool (Royaume-Uni) et Bilbao (Espagne), pour être testé en conditions maritimes réelles. Le défi était de démontrer sa rapidité à assembler, approuver et déployer son aile sans retarder le travail de l'équipe sur le navire.
En 2026, nous devrions également commencer à voir WISAMO sur les navires marchands. Pour les très grands bateaux, jusqu'à six voiles peuvent être nécessaires.
Les avantages de cette technologie innovante

Le projet ambitieux de Michelin, qui vise à rendre les routes commerciales maritimes plus économiques et durables, présente de nombreux avantages. Il suffit de dire qu'en plus de disposer d'un système simple d'utilisation grâce à son fonctionnement totalement autonome, la forme totalement symétrique de la voile la protège d'une usure prématurée, la rendant dure plus longtemps par rapport aux voiles traditionnelles.

Mais l'aspect le plus intéressant de Wisamo est sans doute celui de rentabilité: en exploitant le vent – source de propulsion gratuite, universelle et inépuisable – cette technologie permet de économisez jusqu'à 20 % de carburant en fonction du bateau (neuf ou modifié) et de réduire largement leurs émissions de gaz à effet de serre, vers un avenir moins impactant et plus propre du secteur du transport maritime.