L’accord entre Israël et le Hamas basé sur la non-confiance : l’objectif reste l’élimination mutuelle
L’accord de trêve entre Israël et le Hamas marque la fin d’un autre conflit tragique et offre un moment de répit à la population civile. Il est important de célébrer la réalisation d’un cessez-le-feu, qui interrompt la spirale de violence et de souffrance et représente sans aucun doute un pas en avant vers la stabilisation de la région. Il est cependant essentiel de reconnaître la fragilité de ce compromis afin de ne pas générer d’illusions faciles ou de se retrouver pris par surprise, si (espérons-le jamais ou le plus tard possible) le conflit venait à se rallumer, peut-être à cause d’un accident involontaire. Les différences idéologiques et stratégiques entre les deux parties impliquées, qui s’ajoutent aux différences de points de vue au sein d’Israël et du Hamas et dans le monde palestinien plus large et plus complexe, restent profondes.
Le but ultime du Hamas
Le Hamas, pour sa part, considère la trêve comme une victoire stratégique qui rapproche le mouvement de son objectif final : l’effacement d’Israël de la carte. Il y a ensuite le « succès » en termes de légitimité internationale : le Hamas, en traitant directement avec le Qatar, l’Égypte, les États-Unis et Israël, a obtenu la reconnaissance d’un rôle formel et officiel en tant qu’interlocuteur véritable et direct de gouvernements et de gouvernements légitimes et solides. États, reconnus par le droit international. Contraint de négocier avec un mouvement qui, ne l’oublions pas, reste une organisation terroriste et extrémiste qui n’a aucune reconnaissance formelle sur le plan juridique. Le Hamas sort de cette affaire avec un poids politique et institutionnel beaucoup plus fort qu’auparavant, avec le succès considérable de la libération de nombreux Palestiniens et le traitement comme s’il était une nation même s’il ne l’est pas et ne la représente pas.
L’objectif intermédiaire pour Israël
De l’autre côté, il y a Israël, qui célèbre cette trêve comme un résultat incontestable qui permet de libérer les otages, pour donner une réponse aux gens qui réclamaient un accord pour ramener leurs citoyens chez eux, qui accusaient le Premier ministre Netanyahu de vouloir la guerre pour la guerre. Cependant, le gouvernement israélien actuel n’a pas supprimé de son agenda son véritable objectif stratégique : la destruction du Hamas. La trêve autour des otages ne représente donc pas un succès définitif, mais un objectif intermédiaire en vue du résultat final. Pour Israël, l’accord marque le début du déclin du Hamas, et il tentera de le tenir à l’écart de la phase de reconstruction de Gaza et de la nouvelle gouvernance de la bande.
Une entreprise très difficile compte tenu de l’enracinement du mouvement dirigé par Mohammed Sinwar (frère du leader Yahia, tué par Israël pendant les 15 mois de cette guerre), du peu de considération dont jouit le vieil Abou Mazen de l’Autorité nationale palestinienne et de l’important « parrainage » » apprécié par le mouvement.
Une pause pour réorganiser les forces et les idées
Pour le Hamas et Israël, en tout cas, la trêve est également providentielle sur le plan tactique et militaire : une pause qui leur permet de réorganiser leurs forces et leurs idées et de réduire la pression internationale, d’étudier différents plans d’attaque, moins impactants mais également dirigés contre leur propre pays. – divergents – objectifs. Le changement d’attitude à l’égard des États-Unis a certainement influencé la conclusion de l’accord : nous sommes passés d’un respect formel, mais peu substantiel, envers l’administration Biden, à une crainte envers l’administration naissante de Trump. Qui avait promis de déclencher « l’enfer » si les otages n’étaient pas libérés d’ici le 20 janvier, jour de son investiture.
Cela confirme qu’une fois de plus, l’attitude des États-Unis à l’égard du Moyen-Orient (y compris, évidemment, la posture qu’ils adopteront à l’égard de l’Iran, directeur, financier et manœuvreur de nombreux mouvements opérant dans la région, comme le Hamas et le Hezbollah), influencera la la durée et l’efficacité de cette trêve et le chemin vers une paix possible.