L’avenir de la Géorgie est aujourd’hui entre les mains de ses habitants, appelés aux urnes pour les élections législatives, jugées cruciales pour le sort de ce pays divisé entre une opposition pro-européenne et un parti gouvernemental accusé de dérive autoritaire pro-russe. Les électeurs de l’ancienne république soviétique du Caucase, peuplée de près de quatre millions d’habitants, devraient voter jusqu’à 18 heures.
Le vote suscite une grande attention après le résultat du référendum sur l’Union européenne en Moldavie, obtenu avec un « oui » très étroit. Bruxelles a averti que le résultat des élections déterminerait les chances de la Géorgie d’adhérer à l’UE.
Le rêve géorgien qui sympathise avec Moscou
Dans l’ancienne république soviétique du Caucase, une bataille tendue s’ouvre ainsi entre deux fronts opposés : le front pro-russe et l’opposition pro-européenne. La Géorgie est gouvernée depuis 12 ans par Georgian Dream, un parti populiste et pro-russe dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanishvili, dont la majorité, selon les sondages, est en jeu après un long séjour au pouvoir.
Georgian Dream, qui a succédé au gouvernement pro-occidental du Mouvement national uni, vise à obtenir la majorité aux élections législatives et a déjà promis d’interdire l’ensemble de l’opposition si elle obtenait suffisamment de voix. Depuis quelque temps, le parti au pouvoir, sympathisant avec Moscou, présente le vote d’aujourd’hui comme un « référendum sur l’avenir du pays ». Le rêve géorgien adopte de plus en plus une ligne nationaliste-conservatrice et cherche à se rapprocher de la Russie. S’il obtient une majorité des deux tiers, le fondateur du parti, Ivanishvili, souhaiterait que le Mouvement national uni soit interdit.
Poutine a empoisonné un autre adversaire : de l’arsenic, de l’étain et du mercure dans les veines du leader géorgien
Le secrétaire général du parti au pouvoir, le Rêve géorgien et maire de Tbilissi, Kakha Kaladze, se dit prêt aux « provocations » lors des élections et promet de « prévenir toute déstabilisation ». Les élections parlementaires en cours en Géorgie offrent « le choix entre les forces appelant au pays à entrer en guerre et les forces proposant un développement pacifique du pays », a déclaré Kaladze.
L’espoir de l’opposition pro-européenne
L’affrontement sera direct et frontal avec la présidente pro-européenne Salomé Zurabishvili, dans un climat déjà assez tendu après qu’elle ait refusé de signer des lois très restrictives votées par l’exécutif, clairement inspiré par Moscou, avec des organisations non gouvernementales, des médias et des communautés du pays. le viseur LGBTQ+ financé par l’Occident. Il y a quelques mois, le parlement de Tsibili a donné son feu vert à la loi controversée sur les « agents étrangers », qui, selon ses opposants, vise à cibler les organisations non gouvernementales et les médias soutenus par l’Occident. La loi, qui ressemble beaucoup à celle introduite en Russie par Vladimir Poutine, prévoit que les ONG et les médias qui reçoivent plus de 20 % de leurs fonds de l’étranger seront « étiquetés » comme « agents étrangers » et devront déclarer qu’ils sont « des agents étrangers ». exerçant les intérêts d’une puissance étrangère », s’inscrire dans un registre spécifique et fournir des informations financières détaillées.
Pour les dirigeants européens, le projet de loi en question porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de stigmatiser et de discriminer davantage une partie de la population. L’adoption de ces mesures aurait des « répercussions majeures » sur le chemin de l’intégration européenne de Tbilissi, qui espère adhérer à l’Union, a prévenu Bruxelles. C’est pourquoi les élections législatives du 26 octobre sont « existentielles » pour le pays, a insisté Zourabichvili, qui se dit « assez optimiste » quant à la victoire de son parti et du Front pro-Bruxelles et occidental.
Au contraire, sa défaite signifierait que la Géorgie s’éloignerait de l’Europe, de la démocratie et de la liberté. « Ce serait comme revenir à un passé dans lequel la Géorgie n’a plus sa pleine souveraineté et sa complète indépendance. Nous ne devons pas oublier que la Russie occupe aujourd’hui 20% de nos territoires », a souligné le président géorgien. D’un autre côté, en raison de l’orientation de plus en plus anti-européenne et anti-occidentale du parti d’Ivanishvili, les élections de samedi devraient être considérées comme un « quasi-référendum sur le choix entre l’Europe ou le retour au passé russe incertain ».
Zourabichvili espère que la population géorgienne, qui s’est exprimée à 80% en faveur de l’Europe au cours des trois dernières décennies, « ne renoncera pas soudainement à elle-même ». Selon les derniers sondages, il existe une large majorité en faveur des partis pro-européens, alors que celui du gouvernement n’est crédité que d’environ 30% des voix. Il existe cependant un risque réel de fraude, qui pourrait impacter environ 10 % des votes.
« Ils empêchent la diaspora de voter. Mais la fraude ne doit pas et ne peut pas vaincre une mobilisation importante de la population », a conclu le président géorgien.