Il y a une date entourée en rouge sur le calendrier des citoyens de Moldavie : c’est le 20 octobre 2024, jour où les habitants de ce petit pays d’environ 2,5 millions d’habitants, pris en sandwich entre l’Ukraine et la Roumanie, seront appelés à un double élection d’une importance extraordinaire : d’un côté, les élections présidentielles, de l’autre, un référendum constitutionnel qui pourrait ériger l’adhésion du pays à l’Union européenne comme un objectif stratégique irrévocable.
L’Ukraine (et la Moldavie) font un pas de plus vers leur adhésion à l’UE en un temps record
La Moldavie a officiellement lancé sa double campagne électorale le 1er août dernier, bien que la décision d’appeler les citoyens moldaves à décider s’ils devaient tracer la voie européenne ait été annoncée en décembre dernier par la présidente sortante Maia Sandu.
La forte influence russe dans le pays
La guerre en Ukraine a encore compliqué la situation dans le pays, compte tenu de l’existence de la région séparatiste de Transnistrie, où les troupes russes sont toujours présentes. Il n’est donc pas surprenant que les relations avec la Russie, historiquement importantes pour des raisons économiques et énergétiques, se soient rapidement détériorées. Ces aspects ont revigoré l’esprit pro-européen du président Sandu.
Mais si le discours pro-européen a trouvé un large consensus dans les zones urbaines et parmi les jeunes générations, dans les zones rurales et dans les régions autonomes, comme la Gagaouzie et la Transnistrie, le sentiment pro-russe reste fort.
Néanmoins, le président sortant est le grand favori pour les élections présidentielles, devant les 16 autres candidats. En poste depuis 2020, Sandu est connu comme le leader pro-européen qui a conduit la Moldavie sur la voie de réformes orientées vers l’intégration européenne. Il a maintenant décidé de se présenter comme indépendant, mais son parcours sera difficile. C’est précisément en raison de la fragmentation de l’électorat et du nombre élevé de candidats, dont beaucoup représentent le front pro-russe ou eurosceptique, qu’il lui sera difficile de percer au premier tour.
Celui qui pourrait mettre des bâtons dans les roues pourrait être Alexandr Stoianoglo, ancien procureur général de Moldavie, soutenu par le Parti socialiste de la République de Moldavie (PSRM), qui vise à renforcer les liens avec la Russie, ouvertement opposé à la politique pro-européenne. .
Le référendum pour l’adhésion à l’UE
En plus de choisir le dirigeant qui dirigera le petit pays pour les quatre prochaines années, les Moldaves devront également voter sur l’opportunité de modifier la Constitution pour inclure la voie vers l’adhésion à l’Union européenne comme objectif stratégique de l’État. Face à une question simple mais significative, deux scénarios s’ouvrent. Si le « oui » à une révision constitutionnelle devait triompher, le gouvernement moldave obtiendrait un mandat populaire fort pour poursuivre les négociations avec Bruxelles, accélérant ainsi le processus d’adhésion déjà entamé avec le statut de candidat. En cas de résultat négatif du référendum, le gouvernement de Chisnau subirait un coup dur et verrait ses efforts déployés depuis des années pour garantir le processus d’intégration dans l’Union européenne ralentir, voire disparaître.
La Russie s’inscrit dans ce contexte, exploitant toute vulnérabilité ou faiblesse pour faire dérailler les réformes internes de la Moldavie et son intégration à l’UE. La présidente sortante et candidate à la présidentielle se trouve confrontée à un double et difficile défi.