La ministre de l’Éducation (publique) qui envoie ses enfants dans une école privée

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Une énième tempête contre un membre du gouvernement français, après la polémique sur la nomination de Stéphane Séjourné, partenaire du nouveau premier ministre Gabriel Attal, au poste de ministre des Affaires étrangères. Cette fois, au centre du mécontentement, c’est la nouvelle ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui s’est retrouvée dans la tempête après que les journaux ont appris que ses enfants étaient inscrits dans de prestigieux instituts privés. Pas vraiment une bonne carte de visite pour ceux qui doivent s’occuper de redonner un élan à une école publique française en crise depuis quelques temps. Mais le pire, d’un point de vue politique, était encore à venir.

Appelée à se justifier, Oudéa-Castéra a expliqué que le choix d’envoyer ses enfants dans des écoles privées était dû au fait que dans l’école publique la plus proche de chez elles, elles avaient rencontré des problèmes de gestion du personnel : trop d’heures de cours étaient perdues à cause de un manque d’enseignants qui ne les ont pas remplacés par des suppléants. En d’autres termes, la raison en était le taux élevé d’absentéisme des enseignants.

Mais sa reconstruction a été démentie par une enquête menée par Libération: selon le journal transalpin, un seul enfant d’Oudéa-Castéra a fréquenté brièvement une école publique, et il s’agissait d’une école maternelle, où le problème de l’absentéisme des enseignants ne risque pas d’affecter leur futur parcours scolaire. Le problème, c’est que la ministre et son mari avaient demandé à une école publique parisienne d’autoriser leur fils aîné à sauter une année d’école maternelle, ce que l’institution a refusé. Ils se sont alors tournés vers l’enseignement privé, qu’ils n’ont jamais abandonné.

Le prétendu mensonge du ministre a suscité la polémique. « Un mensonge qui le disqualifie », a déclaré Manuel Bompard du La France insoumise, le parti de la gauche radicale réclame désormais la démission d’Oudéa-Castéra. Les propos du leader communiste Fabien Roussel et de la députée écologiste Sandrine Rousseau sont également du même ton. Mais la démission a aussi été demandée par la droite nationaliste, par exemple par plusieurs députés du Rassemblement national par Marine Le Pen.

La porte-parole du gouvernement, Sabrina Prisca Thévenot, et la chef du groupe libéral des RenaissanceSylvain Maillard, a tenté de jeter de l’eau sur le feu, défendant le choix de la ministre et réitérant que ses explications à ce sujet étaient claires et opportunes.

Mais pour Oudéa-Castéra la rencontre avec les syndicats de l’éducation ne s’annonce pas des plus faciles : « Double erreur, monsieur le ministre ! Ce match a bien commencé ! », a commenté la porte-parole du principal syndicat de l’école primaire publique, Guislaine David.