La France mise sur le nucléaire : « Huit nouveaux réacteurs d’ici 2050 »

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Quelques semaines après la présentation d’un nouveau projet de loi sur la « souveraineté énergétique », le gouvernement Macron ambitionne d’élargir l’offre nucléaire. « Pour 2050, nous avons besoin de huit réacteurs supplémentaires » en plus des six précédemment annoncés, a déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

« L’énergie nucléaire est nécessaire au-delà des six premiers EPR (réacteurs nucléaires européens, éd) car la flotte historique ne durera pas éternellement » a expliqué le ministre Runacher lors d’un entretien avec La Tribune dans lequel il précise que le nouveau projet de loi vise à « sortir la France de la dépendance aux énergies fossiles, qui représentent plus de 60 pour cent de l’énergie que nous consommons. Mon ambition – a-t-il déclaré – est de réduire ce chiffre à 40 pour cent d’ici 2035 ».

Comme alternative aux énergies fossiles, le texte donne donc la priorité au nucléaire : un choix qui distingue clairement la France des autres pays européens, au premier rang desquels l’Allemagne, qui a fermé en avril dernier ses trois derniers réacteurs en activité, en pleine crise. de sortie progressive de l’énergie atomique qui a duré plus de 20 ans.

La polémique sur les autres énergies renouvelables

Le choix de l’énergie nucléaire, a précisé le ministre, ne signifie pas abandonner l’engagement en faveur d’autres formes d’énergie propre. « La position du gouvernement en faveur de l’accélération des énergies renouvelables est sans équivoque. La première loi dédiée à l’énergie était justement sur ce sujet. Et les résultats sont là, puisque la production d’énergie solaire et éolienne a connu une croissance significative en un an ».

La ministre de la Transition énergétique l’a elle-même réitéré dans une note rédigée en réponse à un article de Libération qui accusait l’exécutif d' »affaiblir l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre ». « A la veille des élections européennes de juin 2024 – lit-on dans l’article de Libération – le gouvernement veut imposer sa vision d’une électricité « décarbonée » composée majoritairement d’énergie nucléaire, en lieu et place de l’objectif d’une électricité « renouvelable » défendu jusqu’ici par l’Union européenne ».

Une différenciation (celle entre énergies « décarbonées » et « renouvelables ») qui scelle pour le journal de centre-gauche « un mantra pro-nucléaire répété sans cesse par Emmanuel Macron et ses ministres ».

 » Fin novembre 2023, l’amélioration de la disponibilité du parc nucléaire a permis de produire 15 % d’énergie nucléaire en plus en onze mois en 2023, par rapport à la même période en 2022. De même, la production d’énergie éolienne a augmenté de 30 % et celle d’énergie solaire de 15 %. « , a répondu le ministre.

Parmi les innovations annoncées, il y a aussi l’allongement de la durée d’exploitation des centrales électriques existantes en France, qui pourrait passer « de 40 à 50 ans si les contrôles de sécurité le permettent ». Ceci est prévu pour 32 des 56 centrales nucléaires françaises actuellement existantes.