Fredi Beleris, député européen de Nouvelle Démocratie élu lors des dernières élections européennes, est toujours en prison. Un tribunal albanais n’a pas autorisé sa libération, rejetant l’appel de l’homme politique de nationalité grecque mais qui était maire de la ville albanaise d’Himaré. Beleris, qui a fini en prison pour une affaire de corruption, est le seul député européen à être emprisonné lorsqu’il a été élu au Parlement en juin dernier.
Son destin est différent de celui de la militante antifasciste italienne Ilaria Salis, accusée en Hongrie d’avoir attaqué un néo-nazi. Salis, après son élection dans les rangs de l’Alleanza Verdi Sinistra, a été libérée de l’assignation à résidence dans laquelle elle se trouvait à Budapest. Immédiatement après le 9 juin, elle a pu rentrer en Italie grâce à l’immunité qu’elle a acquise grâce à son siège de député européen. En effet, les parlementaires élus de l’Union européenne bénéficient de l’immunité dans les 27 États membres de l’Union, mais pas dans les pays extérieurs au bloc, comme l’Albanie.
Le cas de l’achat de voix
Beleris a été élu au Parlement européen avec le parti grec de centre-droit Nouvelle Démocratie (Parti populaire européen), après avoir été reconnu coupable d’achat de voix. L’eurodéputé, qui possède à la fois la nationalité grecque et albanaise, était le candidat du parti d’opposition albanais en mai 2023 aux élections municipales d’Himara, une ville du sud de l’Albanie où vit une importante population d’origine grecque.
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Beleris a été arrêté pour avoir offert 40 000 leks albanais (environ 395 euros) pour acheter huit voix. En mars de cette année, il a été condamné à deux ans de prison. Le rejet de son appel par le tribunal albanais signifie qu’il devra rester en prison jusqu’à la mi-octobre de l’année prochaine. Beleri ne se dit pas surpris par cette décision. Il soutient depuis longtemps que son argument est faux, politiquement motivé et manque de preuves.
Exacerbation des tensions entre la Grèce et l’Albanie
La décision des juges albanais a été critiquée à Athènes, mais la décision de nommer Beleris du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis continue de susciter de nombreuses dissensions. Selon les voix les plus critiques, son élection a réveillé d’anciens désaccords entre la Grèce et l’Albanie. Tirana vise depuis des années à achever la procédure d’entrée dans l’Union européenne, mais le gouvernement grec s’y oppose, invoquant le non-respect des normes européennes en matière de minorités, de droits de propriété et d’indépendance du système judiciaire. En Albanie, la figure de Beleris est liée à l’insurrection armée de la minorité ethnique grecque.
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L’homme politique emprisonné est depuis des années un opposant majeur au gouvernement albanais, luttant contre la saisie des biens appartenant aux Grecs dans les environs d’Himarë. En février, le Premier ministre albanais Edi Rama a protesté contre les affirmations de Beleris concernant son procès : « Cela donne l’impression que l’Albanie est la Sibérie et que quelqu’un en Sibérie est retenu en otage par un régime impitoyable et sanglant. »
Le chantage de la Grèce
Beleris critique sévèrement le système judiciaire albanais, tout en se disant favorable à l’adhésion de l’Albanie à l’UE. Il exige cependant le respect de la minorité grecque présente dans ce pays des Balkans. L’Italie et l’Allemagne sont deux des pays qui se déclarent favorables à ce que Tirana achève le processus d’adhésion. La Grèce, quant à elle, tente d’exploiter le procès Beleris pour ralentir l’élargissement. Ses diplomates ont déclaré il y a quelques mois qu’ils étaient prêts à bloquer la demande d’adhésion de l’Albanie si le gouvernement de Rama ne respectait pas les droits de Beleris.
Interrogé par Politique Sur ce cas particulier, le porte-parole du Parti populaire européen, auquel appartient la Nouvelle Démocratie, et le Parlement européen ont refusé de commenter l’affaire. Beleris, qui participe entre-temps aux réunions de Nouvelle Démocratie par téléconférence, ne peut pas remplir pleinement ses fonctions de député européen. L’homme politique a été temporairement libéré pour lui permettre de participer à la première plénière du Parlement européen et à l’important vote à Strasbourg sur la confiance accordée à Ursula von der Leyen en tant que présidente de la Commission européenne, mais il a ensuite dû retourner en prison. . Il a ainsi raté les élections à Bruxelles des présidences des différentes commissions de la Chambre européenne, car entre-temps il était retourné à la prison albanaise de Fier.