Ce chiffre qui inquiète : les étudiants vont-ils vraiment profiter de la revalorisation des APL ?

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Chaque rentrée universitaire apporte son lot de nouveautés… et, malheureusement, de mauvaises surprises. Cette année, c’est un chiffre en particulier qui fait grincer des dents : 3 227 euros. C’est, selon la Fage, la somme qu’un étudiant devra en moyenne débourser pour une année universitaire en 2025. Alors, la revalorisation des APL, espoir ou mirage ? Décryptage d’une addition qui donne mal à la tête — sans parler du porte-monnaie.

Une inflation incessante sur le dos des étudiants

Le syndicat étudiant Fage le martèle année après année : le coût de la rentrée universitaire ne cesse de grimper. Pour 2025, l’addition augmente de 2,21 % par rapport à 2024, confirmant une tendance quasi ininterrompue depuis la création de cet indicateur. L’an dernier déjà, la hausse avait bondi de 2,8 %. Autant dire que l’on se rapproche plus du grand huit que du tapis roulant côté tarifs.

La Fage tire la sonnette d’alarme : ce montant « doit choquer et alerter ». Il freine, selon le syndicat, l’émancipation de nombreux jeunes qui doivent jongler, au jour le jour, entre un logement décent, de quoi se nourrir et… la possibilité d’étudier. La présidente, Maëlle Nizan, décrit une rentrée morose, où des étudiants se retrouvent sans toit à quelques jours de la reprise, sautent des repas ou plongent dans l’anxiété. L’ambiance “back to school” en mode survival, en résumé.

Petite ligne, grosse dépense : le détail des frais

L’indicateur distingue deux types de frais majeurs :

  • Les frais de vie courante : loyer, charges, alimentation, loisirs, transports, téléphonie et Internet, vêtements, produits d’hygiène… Bref, tout ce que la vraie vie impose à un étudiant lambda.
  • Les frais spécifiques de la rentrée : inscription à l’université, CVEC, frais d’agence, assurance logement, complémentaire santé, matériel pédagogique…

C’est justement du côté de ces frais spécifiques que la hausse frappe le plus fort : +3,5 % en un an, pour atteindre 1 986 euros par étudiant. Le sommet de la flambée revient au matériel pédagogique : +8,4 %. Les fournitures du mois de septembre n’ont jamais autant pesé dans le cartable.

Et ce n’est pas tout : les frais d’inscription et la CVEC, tous deux indexés sur l’inflation, voient leurs tarifs progresser de près de 2 % pour l’année 2025-2026. Comptez désormais 178 euros en licence, 254 euros en master, 398 euros en doctorat, plus 105 euros de CVEC. Ouf, bonne nouvelle pour certains : tous les étudiants boursiers sont exonérés de ces charges.

Des dépenses cachées… et des inégalités de taille

Les étudiants ne nagent pas tous dans la même piscine – certains doivent même financer leur bonnet de bain ! En STAPS ou en odontologie par exemple, des dépenses annexes s’ajoutent pour le matériel indispensable à la pratique sportive ou aux travaux pratiques. Selon la Fage, cela entérine des inégalités de chances évidentes.

Côté hygiène, l’étude pointe une augmentation brutale, près de 30 %, des frais de menstruations. Les distributeurs gratuits de protections périodiques pourraient aider, certes, mais leur généralisation reste un vœu pieu. Parfois faute de budget, parfois faute de moyens, les établissements tirent la langue pour suivre. 

Logement : la bombe à retardement

Premier poste de dépense, le logement coûte en moyenne 581 euros par mois, en progression de 3 %. Aux amateurs de crêpes bretonnes, attention au choc francilien : en Île-de-France, la facture tutoie (ou dépasse) 700 euros. 

La Fage l’affirme : la rentrée 2025 s’accompagne d’une anxiété croissante face à la recherche d’un toit. L’accès au logement étudiant est entravé par :

  • le faible nombre de logements CROUS
  • les loyers très élevés
  • l’insalubrité parfois bien camouflée
  • les passoires thermiques… et autres joyeusetés du parc ancien

Alors, des solutions ? Le syndicat plaide pour une pérennisation, à l’échelle nationale, de l’encadrement des loyers à l’aube des élections municipales de 2026. Autres leviers proposés : des tarifs de transports adaptés aux jeunes, à l’échelle des communes.

En conclusion, l’équation est complexe : hausse des frais, bourses à la traîne, logements chers… et une réforme des aides, type APL, dont on se demande vraiment si elle profitera à ceux qui en ont le plus besoin. Pour traverser cette rentrée 2025 sans naufrage, il faudra un solide sens de l’organisation… et peut-être un zeste d’humour pour garder la tête hors de l’eau !