techniques et applications

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Dos est le nom d’un singe né en Chine le 16 juillet 2020. Il semble être un spécimen normal de Macacus rhésusmais en réalité c’est un cloner. Il s’agit notamment du premier singe cloné de cette espèce à avoir survécu en bonne santé jusqu’à l’âge adulte. Pour l’annoncer dans le magazine Communications naturelles c’est l’Académie chinoise des sciences qui est parvenue à ce résultat en perfectionnant la technique qui avait conduit en 1996 à la naissance du premier mammifère cloné, le Dolly la brebis. La technique utilisée par l’équipe chinoise s’appelle Transfert Nucléaire De Cellules Somatiques (SCNT). Mais en quoi consiste-t-il et quelles pourraient être ses applications dans le domaine médical ?

La technique de transfert nucléaire de cellules somatiques pour le clonage

Le Transfert Nucléaire De Cellules Somatiques c’est le processus qui consiste en la transplantation de noyaux de cellules adultes dans des ovocytes ou des blastocystes qui, stimulés pour se développer par des apports électriques ou chimiques, produisent des cellules pluripotentes. L’embryon résultant est génétiquement identique au noyau cellulaire donné et a jusqu’à présent été utilisé à deux fins principales : thérapeutique et à des fins reproducteur. Si l’embryon est utilisé pour le développement de tissus in vitro, la finalité est considérée comme thérapeutique, tandis que s’il est planté dans un utérus, un cloner et le but sera la reproduction d’un individu identique au donneur.

Les problèmes de cette technique

Lors d’une des précédentes tentatives de clonage avec la technique SCNT, sur un total de 35 fœtus implantés, un seul singe est né vivant, mais il est malheureusement décédé le lendemain. Que s’était-il passé ? Des examens histologiques ultérieurs ont révélé malformations du placenta des embryons clonés, en particulier une hyperplasie et une calcification notables. De plus, une diminution de la méthylation de l’ADN et son absence ont été constatées chez les embryons. impression dans les gènes transmis par la mère jusqu’au 17ème jour de développement de l’embryon. Qu’est-ce que ça veut dire? En cas d’hypométhylation, c’est-à-dire de perte de groupes méthyle dans l’ADN, cela peut conduire à une instabilité du génome de l’embryon. Quant à l’absence d’empreinte maternelle, l’explication est un peu plus complexe.

L’empreinte est un processus épigénétique, qui ne modifie donc pas la séquence des gènes mais leur expression dans le phénotype de l’individu. L’empreinte est à la fois maternelle et paternelle et nécessite que l’un des deux allèles (expressions, variantes) d’un même gène soit exclu de l’activation en fonction du sexe du parent dont est reçu le chromosome en question. Lorsque l’empreinte est d’origine maternelle, l’allèle maternel est réduit au silence et l’allèle paternel est exprimé, et vice versa. La perte de l’empreinte maternelle a suggéré aux experts l’héritage d’anomalies épigénétiques des cellules somatiques lors du clonage du SCNT.

La technique SCNT-TR avec laquelle le singe Retro a été cloné

Pour résoudre ces problèmes, les chercheurs ont intégré une stratégie appelée Remplacement des trophoblastes (TR de Réapprovisionnement des throphoblastes) dans le protocole SCNT, obtenant la technique SCNT-TR. Le Méthode TR consiste à injecter la masse cellulaire interne obtenue à partir d’embryons obtenus par la technique SCNT dans les blastocèles (dont est extraite la masse cellulaire) d’embryons soumis à Injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), une technique de procréation médicalement assistée déjà régulièrement utilisée pour la conception humaine. Avec cette méthodologie, Retro est né.

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Quelles sont les implications ?

La nouvelle de la naissance et de la survie de Retro depuis plus de deux ans est d’une importance fondamentale pour au moins deux raisons : la première est que jusqu’à présent pas de singe de l’espèce M. rhésus avait été cloné en utilisant la technique SCNT, le même que celui utilisé pour Dolly la brebis. La deuxième raison est laapplication médicale de la technique TR, qui permettrait de réparer les dommages causés au trophoblaste en développement en remplaçant les cellules dysfonctionnelles par des cellules saines, sauvant ainsi le développement d’embryons fécondés. Ce serait une stratégie prometteuse pour améliorer les taux de réussite de la procréation assistée.