Avec curiosité morbide nous faisons référence à un type particulier de curiosité qui Cela se manifeste dans des situations tragiquescatastrophes ou événements choquants pouvant causer des dommages physiques ou émotionnels. On peut l’observer par exemple dans le phénomène de caoutchoutage (arrêt pour regarder les accidents de la route). C’est quelque chose que nous vivons tous, sous différentes formes et à différents degrés. Ces dernières années, nous avons été témoins, par exemple, du phénomène de tourisme sombrequi consiste à visiter des lieux associés à la mort, à la tragédie, à la souffrance ou au macabre, par exemple des camps de concentration, des sites de catastrophes naturelles ou humaines, des scènes de crime célèbres, des cimetières historiques, des musées de la torture, etc. En tant qu’humains, nous sommes amenés à aborder les événements macabres en tant que « spectateurs » pour plusieurs raisons, notamment se sentir plus confiant et rassuréen apprenant des expériences que nous voyons ou pour vivre nos émotions négatives dans des conditions de relative sécurité.
Pourquoi nous ressentons une curiosité morbide : expériences
Plusieurs expériences sociales ont été menées pour comprendre pourquoi certaines personnes sont poussées à adopter ces comportements.
Expérience Anderson, Anderson et Deuser (1996)
Dans cette étude, les participants ont été exposés à des images d’accidents de la route et à des situations « neutres » (dirions-nous ne correspondant pas à ce que nous définissons comme macabre). Les personnes participant à l’étude étaient plus susceptibles de regarder des images d’accidents pendant des périodes plus longues que des images neutres. Cela suggère que la curiosité morbide pourrait être alimentée par un besoin de comprendre et de traiter des événements perturbants, même si cela peut conduire à une détresse psychologique.
Statistiques de trafic et expérience « Rubbernecking »
Des études menées sur des routes très fréquentées ont montré que la présence d’accidents provoque des ralentissements importants de la circulation, non seulement en raison du rétrécissement de la route ou de la présence d’ambulances ou de piétons sur la route, mais aussi en raison de la curiosité des automobilistes, qui ralentissent. pour observer les détails de l’accident. Ce comportement peut être vu comme une manifestation de curiosité morbide, motivée par le désir d’affronter le danger et l’insolite.
Expérience d’images à fort impact émotionnel (1998)
Dans une expérience en laboratoire, les participants ont vu des images d’événements traumatisants ou violents pendant que leur activité cérébrale était surveillée. Les résultats indiquent que l’amygdale, une partie du cerveau associée aux émotions, est particulièrement active lors de la visualisation d’images dérangeantes, ce qui suggère que la curiosité morbide est liée à des réponses émotionnelles intenses et à la nécessité de traiter l’événement observé.
Ce qu’il est important de souligner, cependant, c’est que sous la surface ou l’étiquette de « curiosité morbide », se cache aussi autre chose : pour les personnes attirées par le macabre ces événements offrent un espace sûr pour explorer des thèmes, sujets ou tabous difficiles ou tabous dans un environnement relativement contrôlé (en tant que spectateurs, en fait), ce qui peut également s’avérer éducatif et transformateur.
Cette exploration offre des opportunités de réflexion sur des aspects importants ou existentiels de la vie, permettant aux personnes de mieux traiter et comprendre leur relation avec l’inconnu, le risque, la mort et la souffrance.
Qu’est-ce que la curiosité en psychologie
Là curiosité elle est souvent définie comme le désir de connaître, d’explorer ou de comprendre ce qui est inconnu, nouveau ou inhabituel. Il peut être analysé sous différents angles :
- Écart théorique: pour Loewenstein, la curiosité naît d’un « manque d’information » que l’individu tente de combler. Lorsqu’une personne est confrontée à quelque chose d’inconnu ou d’ambigu, un écart se crée entre ce qu’elle sait et ce qu’elle aimerait savoir, stimulant la curiosité et l’exploration.
- Théorie du capital culturel: la curiosité naît d’un manque d’information, elle sera alors influencée par le capital culturel et informationnel dont nous disposons. Bourdieu a exploré précisément cet aspect : c’est-à-dire que la curiosité est influencée par l’origine sociale et le milieu culturel dont dispose chacun (ce qui intrigue un entrepreneur diffère de ce qu’un éleveur de moutons trouve curieux, tout comme un habitant d’Indonésie peut être curieux de différentes choses). choses qu’un habitant du Canada)
- Exploration culturelle et adaptation: La curiosité a contribué à la diversification culturelle et à la capacité des sociétés humaines à innover, s’adapter et conserver.
La curiosité, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce n’est pas seulement un trait individuelmais un phénomène collectif qui il se manifeste dans les pratiques culturelles, les récits et les rituels. Un exemple de ceci est moi rites de passage: Arnold van Gennep a exploré comment différentes cultures humaines abordent et canalisent la curiosité et l’anxiété face aux moments de transition dans la vie des individus. Dans son livre « Rites de Passage », il décrit comment les rituels liés à la naissance, à l’initiation, au mariage et à la mort sont des outils pour répondre à la curiosité collective et répondre au besoin humain de comprendre et contrôler le processus de transition entre les différentes étapes de la vie ou des relations sociales. statut.
Bibliographie
Bourdieu, P. (1984). Une critique sociale du jugement de goût. Traduit du français par R. Nice. Londres, Routledge.
Loewenstein, G. (1994). La psychologie de la curiosité : revue et réinterprétation. Bulletin psychologique, 116(1), 75.
Geertz, C. (1973). Cultures.
Van Gennep, A. (1909). Rites de passage. Introduction de Francesco Remotti.