Pourquoi les acteurs disent-ils « merde, merde, merde » avant un spectacle ?

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Le théâtre c’est plein de Des « règles » très strictes. pour ne pas attirer les malchance: Malheur à Macbeth, portez la couleur violette ou dites « bonne chance ! » À ce moment-là comment souhaites-tu bonne chance aux acteurs et actrices avant un spectacle ? L’expression traditionnelle italienne – mais aussi française et espagnole – semble étrange : il faut dire « merde, merde, merde ! » ou des variations sur le thème comme « Tant de merde ». Selon la tradition, ce dicton serait de bon augure pour le succès du spectacle. Mais pourquoi ?

Les raisons possibles sont nombreuses : la théorie la plus connue et la plus fiable relierait l’expression au contexte théâtral européen. entre le XVIIIe et le XIXe sièclelorsque le théâtre ne s’adressait plus seulement à un public populaire mais aussi à un public public des classes supérieures et moyennes. Ces spectateurs plus haut de gamme se rendraient au théâtre en calèche – d’où les entrées « voûtées » de nombreux théâtres italiens, et pas seulement, conçues pour rapprocher les chevaux et entrer directement par les portes principales. Donc, tant de voitures, tant de chevaux, tant de fumier (donc beaucoup de merde).

Le dicton ferait donc allusion à l’espoir que le spectacle connaîtra un grand succès auprès du public. Cependant, les avis sont contradictoires : le célèbre dramaturge, écrivain, poète et YouTuber Roberto Mercadinipar exemple, rappelle que le théâtre italien regorge encore d’espaces, ceux des stalles, qui étaient autrefois sans chaises et donc aussi pour des spectateurs moins riches, de sorte que la théorie des « calèches-chevaux-fumier » n’aurait guère de sens logique.

Ce qui est sûr, c’est qu’il existe partout dans le monde d’innombrables variantes de ces rituels superstitieux. L’anglais – très similaire à l’allemand – veut ça au lieu du malheureux »bonne chance« utilisez l’expression »jambe cassée !», qui souhaite littéralement « se casser une jambe ». Une phrase idiomatique avec de nombreuses interprétations possibles, allant de recevoir tellement d’applaudissements qu’il s’est cassé la jambe, ou de sortir du « ligne de jambe« , cette ligne derrière laquelle vous ne seriez pas payé.

D’un autre côté le superstitioncette habitude d’accomplir des sortes de rites propitiatoires pour porter chance de son côté, a ses propres règles, souvent personnelles. De nombreux rites superstitieux en psychologie remontent tous à ce qu’on appelle la « pensée magique » et ont des caractéristiques communes : le plus fréquent est celui de ne faites pas allusion à la chance elle-mêmepour éviter le risque d’attirer des « mauvais souhaits » quelconques. Alors dire « bonne chance » serait vraiment malchance, et il serait préférable de souhaiter directement un événement malheureux : selon certaines théories, c’est le cas du même « bonne chance » (qui pour d’autres serait plutôt de bon augure). de soin et d’attention). Cette attitude propitiatoire serait d’autant plus fréquente pour les situations dans lesquelles on n’a pas le contrôle complet de ce qui va se passer, mais qui doivent se passer bien : un examen, un concours, un spectacle.