Deux centres pour migrants, environ 1 200 places au total et 600 millions d’euros que l’Italie dépensera sur cinq ans pour les faire travailler. Les structures issues du protocole d’accord entre l’Italie et l’Albanie avec lequel le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni entend empêcher les flux migratoires irréguliers sont prêtes, accueillant uniquement ceux qui ont droit à la protection internationale.
Les migrants secourus par des navires italiens (mais pas par des ONG) seront transférés directement vers des installations albanaises. Une manière d’« externaliser » les frontières, qui plaît à l’Union européenne et aux autres dirigeants du bloc, notamment le Premier ministre hongrois Viktor Orban. Ceci malgré les nombreuses controverses et doutes d’ordre juridique et humanitaire entourant ces structures.
Que prévoit l’accord entre l’Italie et l’Albanie sur les migrants ?
Le traité signé le 6 novembre 2023 entre la Première ministre Giorgia Meloni et le Premier ministre albanais Edi Rama, a une validité de 5 ans, avec possibilité de prolongation de 5 ans supplémentaires. Le protocole a parmi ses piliers la construction et la gestion de deux centres de migrants, où seront triés les personnes transférées vers l’Albanie.
Ils auraient dû entrer en service dès le 20 mai, mais la livraison du site de Gjader n’a eu lieu que le 9 octobre. L’autre, celui de Shengjin, est prêt depuis des mois.
Centres pour migrants en Albanie
Le premier centre d’accueil, livré il y a quelques mois, a été construit à Shengjin (en italien San Giovanni Medua), un hameau de la municipalité d’Alessio, sur la côte nord de l’Albanie, à une soixantaine de kilomètres de Tirana.
Seules les procédures d’entrée (identification et enregistrement) des personnes relocalisées en Albanie seront effectuées ici, afin de ne pas surcharger les centres d’accueil italiens. L’établissement, géré par l’Italie, pourra accueillir environ 200 personnes, qui seront identifiées et sous réserve de vérification des conditions d’accueil ou de rapatriement.
L’autre site est celui de Gjader, un ancien site de l’armée de l’air albanaise très dégradé, qui se situe à une vingtaine de kilomètres de Shengjin, en direction du nord.
C’est le site de Gjader, livré le 9 octobre pour tests, où seront transférés les migrants après les premières phases d’identification qui se sont déroulées à Shengjin. Il comprend davantage de structures : un centre de 880 places qui accueillera les migrants ayant demandé l’asile et en attente de réponse, un centre de 144 places pour le rapatriement des migrants dont la demande d’asile a été rejetée et un pénitencier de 20 places pour ceux qui commettent des crimes dans le camp.
Dans les centres, il est prévu que la juridiction italienne soit en vigueur et que les forces de police italiennes garantissent l’ordre. Des collaborateurs du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) seront également présents pour veiller au respect des droits des réfugiés.
Migrants en Albanie : ce que Giorgia Meloni ne dit pas
Selon les accords, les demandes d’asile seront traitées dans un délai de quatre semaines. Des connexions par vidéoconférence sont prévues avec le tribunal de Rome pour les audiences de validation de la détention.
Combien coûtent les structures en Albanie à l’Italie
La construction de l’ouvrage de Shengjin a coûté 3 millions d’euros, tandis que 200 000 euros (pour 2024) ont été dépensés uniquement pour les connexions.
Le site de Gjader était plus cher, car il s’agissait d’un ancien site de l’armée de l’air albanaise très dégradé. Les soldats du génie italien furent engagés dans un travail fatigant de restauration et d’aménagement qui dura des mois. Des routes, des égouts, des réservoirs, des bâtiments ainsi que des murs d’enceinte ont été construits. Des caméras ont également été installées le long du périmètre et un dispositif de sécurité à l’intérieur de la structure.
Les coûts estimés sont de 20 millions d’euros pour 2024, plus 8 millions pour les raccordements des différents réseaux. Outre les coûts liés aux bâtiments, l’Italie prendra en charge tous les frais nécessaires à l’hébergement et au traitement des personnes accueillies dans les installations en Albanie, y compris la nourriture, les soins médicaux et tout service jugé nécessaire. Selon les estimations, jusqu’en 2028, l’accord pour les centres en Albanie devrait coûter environ 600 millions d’euros.
Quand ouvriront les centres italiens pour migrants en Albanie
Les deux centres devaient ouvrir le 20 mai, mais la date a été reportée en raison de retards et de problèmes dans la construction des structures. En juin, lors d’une visite en Albanie, Meloni a annoncé que les centres ouvriraient le 1er août, mais de nouveaux retards se sont produits jusqu’au début octobre, lorsque le site de Gjader a été remis pour tests. Selon ce que nous apprend le gouvernement italien, à la fin des tests, d’ici une semaine, les structures ouvriront et pourront accueillir les premières personnes soumises aux procédures accélérées aux frontières.
L’ambassadeur italien à Tirana, Fabrizio Bucci, lors d’une inspection avec la presse au centre de Shengyin, a prévu que les deux centres seraient opérationnels à partir d’aujourd’hui et prêts à accueillir les premiers migrants.