Pas seulement Fitto : tous les ennuis de von der Leyen pour créer sa nouvelle équipe

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Les inquiétudes et les maux de tête continuent pour Ursula von der Leyen, aux prises avec la constitution de son équipe européenne. Tout devait être prêt pour le 11 septembre mais le président de la Commission a reporté la présentation des éventuels commissaires au 17 septembre, lors de la session plénière de Strasbourg. Au sommet des problèmes figure la nomination de Fitto, le nom avancé avec insistance par Giorgia Meloni. Les socialistes et les libéraux, majoritaires, se sont mis en travers du chemin et ne veulent pas céder.

Ensuite, il y a le problème de la parité hommes-femmes, qui préoccupe beaucoup la politique allemande, mais qui provoque des ralentissements et les lobbies pétroliers ont mal tourné par rapport au commissaire proposé par l’Espagne. Enfin, la Bulgarie : elle a proposé une femme, mais pour elle il y a des échos de problèmes juridiques et de soupçons de soutien à la Russie. Dans moins d’une semaine, von der Leyen devra tenter d’équilibrer les « têtes » pour avoir à ses côtés, avant même les comptes européens comme le suggère Mario Draghi. Voyons un à un les nœuds qui restent à résoudre.

Le casse-tête italien

Meloni a insisté sur le rôle important de l’Italie, pays fondateur, et a proposé il y a quelque temps à Raffaele Fitto d’obtenir une vice-présidence exécutive à la Commission européenne. Les doutes qui entourent l’homme politique des Pouilles sont devenus de plus en plus denses. Les libéraux les ont d’abord exprimés, puis les socialistes sont arrivés à fermer la porte à cette hypothèse. Les deux groupes, tous deux membres de la majorité, se sont publiquement prononcés contre l’octroi d’un rôle prestigieux à un représentant du groupe des Conservateurs et Réformistes (ECR), officiellement extérieur à l’exécutif.

Le Parti populaire européen n’a cependant exprimé aucune objection, Forza Italia faisant pression pour soutenir Fitto. Les ambitions du gouvernement italien risquent ainsi de faiblir. Le plus grand embarras est pour le Parti démocrate, prêt à soutenir sur le papier le nom du commissaire italien bien qu’il soit issu des Frères d’Italie. Il est cependant difficile de s’exprimer ouvertement contre la majorité des socialistes européens, groupe au sein duquel le Parti démocrate représente le plus grand groupe d’élus. Cela semblerait être un faux pas pour Schlein et compagnie à Bruxelles.

Problèmes de genre

Le président de la Commission a insisté explicitement et à plusieurs reprises sur la nécessité de parvenir à une équipe aussi égale que possible entre les sexes. Lorsqu’elle a reçu une écrasante majorité de propositions d’hommes sans alternative féminine, elle n’a pas été satisfaite. Il a donc décidé de faire pression sur certains pays pour qu’ils modifient leurs propositions. La Bulgarie et la Slovénie se sont rendues. Sofia a pris du recul en éliminant son candidat masculin, l’ancien ministre de l’Environnement Julian Popov, et en présentant uniquement Ekaterina Zaharieva, ancienne ministre de la Justice et des Affaires étrangères. Cependant, la nomination a été critiquée par les détracteurs en raison de certaines accusations de fraude contre la femme alors qu’elle était ministre de la Justice.

Von der Leyen présente sa nouvelle Commission

Même s’il n’y a pas eu de suite judiciaire, l’écho de l’histoire est parvenu à Bruxelles et a créé l’embarras pour von der Leyen. Pire encore serait l’accusation selon laquelle Zaharieva aurait été impliquée dans un projet de gazoduc qui aurait facilité l’agression russe contre l’Ukraine, comme le prétend le parti anti-corruption bulgare Continuons le changement. Et chacun sait à quel point von der Leyen souhaite avoir à ses côtés des personnes résolument pro-ukrainiennes. Ici aussi, une vérification rapide sera nécessaire. La Slovénie, de son côté, a fini par nommer une femme commissaire, mais officiellement, le vote du parlement de Ljubljana est nécessaire pour officialiser sa candidature. Cette situation a donné à von der Leyen un prétexte pour reporter la présentation de son équipe aux députés.

Lobby pro-nucléaire contre le commissaire espagnol

Un autre problème à résoudre est celui de la commissaire proposée par l’Espagne : Teresa Ribera. Déjà ministre de la transition écologique dans le gouvernement Sánchez, on a immédiatement parlé pour Ribera d’une vice-présidence exécutive avec des tâches transversales sur le climat et la transition numérique, avec un œil sur les aspects sociaux. Le lobby pro-nucléaire se serait mis en travers de son chemin, conscient de la position anti-atome des politiques et des juristes ibériques. Dans la bataille, Ribera aurait gagné avec l’un des portefeuilles les plus puissants de l’UE : celui de la concurrence, détenu jusqu’ici par la Danoise Margrethe Vestager, capable de punir à la fois Apple et Google au cours d’un mandat. Selon les dernières rumeurs, Ribera obtiendrait ainsi le rang de vice-président exécutif et se verrait en tout cas confier des responsabilités liées au climat.