Macron acculé sur la nomination du Premier ministre. Et maintenant, il risque d’être mis en accusation

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Aucune annonce pour l’instant du président français Emmanuel Macron concernant la nomination d’un premier ministre. Une attente qui dure depuis plus de 50 jours et qui inquiète non seulement le monde politique transalpin mais la France toute entière. Le Rubik’s Cube post-électoral ne semble pas avoir de solution et Macron risque désormais également une procédure de destitution initiée par La France Insoumise, qui rejoint le Nouveau Front populaire. Le parti de Jean-Luc Mélenchon, privé de la possibilité de proposer sa candidate Lucie Castets, entend engager des poursuites contre le locataire de l’Elysée pour avoir violé « le devoir de respecter la volonté exprimée par le suffrage universel ».

Ce serait une procédure longue et complexe, mais cela pourrait mettre la pression sur le président centriste, qui n’a pas l’intention de renoncer à son emprise sur les principales fonctions gouvernementales. Pendant ce temps, un nouveau nom émerge de la liste des candidats à Matignon : Michel Barnier. On verra dans les prochains jours, peut-être dans les prochaines heures, s’il finira lui aussi brûlé ou s’il survivra aux flammes brûlantes transalpines. Pendant ce temps, Marine Le Pen a le sourire, sortie défaite in extremis lors du vote du 7 juillet mais qui, dans ce chaos, pourrait faire consensus en vue de l’élection présidentielle de 2027.

Ceux qui sont éligibles au poste de Premier ministre

Bien qu’attendue, aucune annonce officielle concernant le Premier ministre n’est arrivée dans la soirée du 4 septembre. La dernière décision d’Emmanuel Macron au sein du conseil d’administration est la suivante : parmi les nominations possibles à droite, le nom de Michel Barnier est apparu à la place de Xavier Bertrand. Ce. « Nous progressons. Les critères du président restent que le futur occupant de Matignon ‘ne doit pas être censuré’ par l’Assemblée » et « qu’il soit capable de former des coalitions », a déclaré à l’AFP une source proche du président.

Macron contre tout le monde : voilà comment la France tombe dans la paralysie politique

Macron a été réprimandé par son prédécesseur socialiste François Hollande, qui a évoqué à la télévision une « erreur méthodologique » concernant les choix faits par le leader centriste, coupable de vouloir « régler seul la question de la gouvernabilité ». Selon l’ancien président, ce rôle revient à l’Assemblée nationale. Autre avertissement : l’incapacité de Macron à changer de cap sur le plan politique, malgré les sondages qui le sanctionnent. Au sommet des réformes détestées par la population française se trouve celle des retraites, mais il y a aussi peu d’applaudissements pour l’école, l’économie et la guerre en Ukraine.

Macron s’était appuyé sur deux noms qui, selon lui, pourraient rassembler une coalition entre le centre, les socialistes et la droite. Le républicain Xavier Bertrand et l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve avaient été proposés. En ce moment deux trous dans l’eau. Le Nouveau Front populaire a cependant choisi de ne pas rester les bras croisés et s’apprête à « encadrer » Macron avec une procédure complexe, mais qui délégitimerait le locataire de l’Elysée en cas de succès.

La difficile procédure de destitution contre Macron

Les 72 députés « rebelles » de l’Assemblée nationale, déterminés à demander la destitution du président de la République française, ont été rejoints le 4 septembre par six écologistes (ex-LFI) et trois députés de La Réunion. L’accusation portée contre Macron découle de son refus de nommer Lucie Castets, nom proposé par le Nouveau Front populaire, à Matignon. Ce projet de résolution, soumis au Bureau de l’Assemblée conformément à l’article 68 de la Constitution, a été signé par 81 des 577 députés.

Les électeurs de La France Insoumise, le parti de gauche radicale, ont été rejoints comme signataires par les écologistes Benjamin Lucas, Sandrine Rousseau, Clémentine Autain, Hendrik Davi, Danielle Simonnet et Alexis Corbière. Les quatre derniers ont récemment quitté LFI en raison de désaccords avec le leader Jean-Luc Mélenchon. Il y a ensuite les élus de La Réunion (Karine Lebon, Emeline Kbidi et Frédéric Maillot) proches de Lfi et qui font partie du groupe Gauche Démocratique et Républicaine, qui regroupe des députés communistes et des membres du parti français. territoires d’outre-mer.

Les signataires accusent Macron d’« autocratie » et de porter atteinte à l’indépendance du Parlement. Pour être approuvée, la destitution nécessiterait l’approbation des deux tiers des parlementaires siégeant à la Haute Cour. Mais pour l’instant, La France Insoumise est loin d’avoir les effectifs nécessaires et d’autres composantes de gauche sont réticentes à la procédure. Avant le vote des parlementaires, le texte doit passer l’examen du bureau de l’Assemblée nationale. Il existe un scepticisme généralisé parmi les députés français quant au succès de cette démarche visant à acculer Macron. « Ce n’est qu’une comédie, ça ne réussira pas », a-t-il déclaré. Franceinfo le député du Rassemblement National Sébastien Chenu.

Le rôle de Le Pen dans la nomination du Premier ministre

Tournant le dos à gauche, Macron a repris à droite le nom de Michel Barnier, homme politique de 73 ans et ancien commissaire à l’Union européenne. L’extrême droite de Marine Le Pen le considère comme « un fossile » de la vie politique, qui « ne fait pas rêver », mais n’exclut pas de voter pour lui, selon les déclarations de Chenu. À ce moment-là, le président Macron, qui avait déclaré avoir appelé à des élections anticipées pour empêcher l’extrême droite de gouverner, serait bien plus proche de Le Pen qu’on aurait pu l’imaginer.