Les tracteurs européens descendent à nouveau dans les rues. Cette fois, au centre des protestations se trouve le Mercosur, l’accord commercial que l’Union européenne est sur le point de conclure avec quatre pays d’Amérique latine. Les protestations sont parties de France, le pays le plus opposé à la conclusion du traité, mais se sont rapidement étendues à l’Allemagne, à la Pologne et à l’Italie. Les entreprises agricoles européennes craignent des dommages et des répercussions négatives résultant de la suppression ou de la réduction des droits de douane sur les produits agricoles entrant sur le marché européen en provenance des quatre États latino-américains qui sont sur le point de signer avec Bruxelles.
Au centre des critiques, outre l’arrivée de denrées alimentaires à des prix trop bas, il y a aussi l’insuffisance des contrôles sanitaires. La production sud-américaine ne respecte pas les mêmes normes imposées par l’Union européenne en matière de limitations d’utilisation de pesticides, ni de contrôles vétérinaires sur les animaux. Autant de conditions qui créeraient une situation de « concurrence déloyale », dénoncent les producteurs européens. Certains des dirigeants impliqués dans les négociations, comme la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, la présidente du Conseil Giorgia Meloni, le président brésilien Ignacio Lula da Silva et l’Argentin Javier Milei sont réunis à Rio de Janeiro pour le G20. . De nombreux experts estiment que le sommet pourrait être décisif pour se rapprocher de la conclusion du traité.
Les manifestations en France contre le Mercosur
En première ligne des protestations contre le Mercosur se trouvent les organisations paysannes françaises. Ils dénoncent le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et les pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Dans le principal pays agricole du continent, une vaste mobilisation est en cours depuis le 18 novembre. Par rapport aux manifestations des mois précédents, la décision a été prise d’éviter les barrages routiers qui avaient paralysé le pays lors des manifestations de février. Cette fois, les agriculteurs parlent de « feux de colère ». Les événements sont sponsorisés par le principal syndicat du secteur, la Fnsea associé aux Jeunes Agriculteurs (JA). Il s’agit pour l’instant d' »actions symboliques », avec « 85 points de manifestation », comme l’a annoncé à Rmc le président des Jeunes Agriculteurs Pierrick Horel. Les manifestations se concentreront également devant les préfectures.
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prévenu les agriculteurs qu’il y aurait une « tolérance zéro » à l’égard des « blocages permanents » des routes. Les premières marches ont débuté le 17 novembre au soir près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris. « Un rapport d’audit de l’UE vient de découvrir des failles dans les procédures brésiliennes de contrôle du respect des réglementations sanitaires », a souligné la Fédération nationale bovine. « Malgré cela, la Commission européenne poursuit des négociations qui permettront un accès supplémentaire à 99 000 tonnes de bœuf sud-américain », souligne l’organisation. Le président français Emmanuel Macron s’efforce de convaincre d’autres États membres, comme la Pologne, de créer une minorité de blocage au sein de l’UE pour empêcher la signature du traité.
La position de l’Allemagne et de l’Espagne sur le Mercosur
En Allemagne, les évaluations du Mercosur ont profondément changé au fil des années. Alors que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel hésitait à signer l’accord en raison de la déforestation en Amazonie, le socialiste Olaf Scholz voyait dans le Mercosur une opportunité d’élargir les débouchés pour l’industrie allemande, notamment l’industrie automobile. Avec l’effondrement de sa coalition gouvernementale, les entreprises agricoles se sentent privées de leadership. L’Association des agriculteurs allemands (DBV) réclame une renégociation urgente de l’accord, craignant le « remplacement de la production nationale par des importations conformes aux normes du siècle dernier, au détriment des consommateurs, des agriculteurs, des animaux, de l’environnement et du climat ». « , a expliqué Joachim Rukwied, président de DBV.
Giorgia Meloni au G20 : les « convergences parallèles » avec Lula et Milei
Même si aucune manifestation officielle n’est à l’ordre du jour, il est possible que les tracteurs convergent vers la frontière franco-allemande. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’est dit favorable à la conclusion des négociations sur le Mercosur, mais des résistances persistent dans le monde agricole ibérique, notamment de la part des agriculteurs. L’association Assaja a dénoncé un accord « obsolète et incohérent ». Selon le ministre de l’Agriculture Luis Planas, certains secteurs stratégiques comme le vin et l’huile d’olive bénéficieraient du traité, tout en reconnaissant que d’autres, comme la production de viande bovine, pourraient être affectés.
Les craintes des agriculteurs italiens face au Mercosur
Alors que Giorgia Meloni s’envolait pour Rio de Janeiro, en direction du sommet du G20 au Brésil, Coldiretti lui a écrit pour lui exprimer sa « profonde inquiétude » concernant le Mercosur, parlant des « effets dévastateurs sur le secteur agroalimentaire ». L’association agricole a souligné la différence dans les normes de production. « Dans l’espace Mercosur, il existe des règles beaucoup moins strictes qu’en Europe en matière d’utilisation de substances chimiques et de techniques de production. Il suffit de penser au fait que le Brésil a quadruplé l’utilisation de pesticides au cours des vingt dernières années. qui utilisent des principes actifs souvent interdits dans l’Union européenne », peut-on lire dans la lettre. Même si des manifestations ne sont pas attendues dans l’immédiat dans la péninsule, certaines associations agricoles estiment qu’accélérer la signature sans autres précautions pourrait ramener dans la rue les producteurs agricoles, déjà mis à genoux par les inondations et la sécheresse.