Les Allemands boudent les emplois au sein des institutions de l’Union européenne et préfèrent rester dans leur pays d’origine où ils trouveraient des conditions économiques apparemment plus favorables. La conséquence est qu’en ce qui concerne le nombre de fonctionnaires, le pays se situe bien en dessous du taux indicatif fixé par l’Union européenne. Ceux qui sont bien trop présents dans l’institution sont les Belges, les Maltais et les Estoniens.
Les principales questions critiques
C’est ce que révèle un nouveau rapport de la Cour des comptes européenne sur la situation de l’emploi au sein des institutions européennes, qui exhorte Bruxelles à améliorer la gestion de son personnel. Parmi tous les problèmes répertoriés, trois enjeux principaux ressortent : la difficulté de recruter certains profils spécifiques, la précarité des contrats et les déséquilibres géographiques.
Ceci, préviennent les auditeurs du tribunal, peut mettre en danger la continuité des activités. En effet, à l’expiration des contrats temporaires, il se peut qu’il n’y ait pas suffisamment de personnel qualifié pour mener à bien le travail. D’autres enjeux critiques concernent le vieillissement de la main-d’œuvre et la réduction des postes disponibles malgré l’augmentation de la charge de travail au cours des dernières années.
« Même si elles offrent des conditions de travail modernes et flexibles, les institutions européennes ont encore du mal à attirer des profils et des nationalités spécifiques », a déclaré Jorg Kristijan Petrovič, membre de la Cour chargé de l’audit. Concernant les profils « spécifiques », on fait surtout référence aux techniciens informatiques, indispensables au travail de l’UE mais très difficiles à embaucher et à retenir.
« Nos recommandations visent à aider les institutions européennes à mieux gérer leurs employés, à devenir des employeurs plus attractifs et à améliorer les perspectives de carrière de leur personnel », a déclaré Petrović.
La sous-représentation de certaines nationalités
Même si les institutions européennes, au premier rang desquelles la Commission, offrent des conditions de travail conformes à celles offertes par d’autres organisations internationales, de nombreuses difficultés restent encore rencontrées pour recruter des candidats de tous les États membres de manière géographiquement équilibrée.
Le rapport souligne que le personnel travaillant dans l’UE originaire d’Allemagne, mais aussi des Pays-Bas, d’Autriche, de Pologne, de Suède, du Danemark, de France et d’Espagne, se situe en dessous du « taux indicatif », c’est-à-dire ce niveau visant à assurer une représentation équitable entre les différents nationalités, en dessous desquelles un pays est considéré comme sous-représenté.
Les difficultés rencontrées pour recruter du personnel de certaines nationalités, comme les Allemands, pour occuper des postes au sein des institutions européennes sont liées à divers facteurs. Le rapport explique que les citoyens des pays économiquement stables, comme l’Allemagne, trouvent souvent le marché du travail national plus attractif, ce qui réduit leur intérêt pour les opportunités européennes. Le rapport mentionne que l’indice « Vivre mieux » de l’Organisation de coopération et de développement en Europe (OCDE) est lié à l’intérêt des candidats : les nations ayant un niveau de vie élevé participent moins aux compétitions européennes. En outre, le manque d’informations accessibles sur les conditions de travail dans l’UE figurait également parmi les raisons citées.
Au contraire, le personnel national belge est surreprésenté à plus de 500 %, probablement en raison de la position géographique de Bruxelles, siège des principales institutions européennes. Les Italiens seraient plutôt en phase avec le niveau souhaité par l’UE.