L’ère Barnier commence en France, mais le cauchemar des nouveaux impôts se profile

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Des impôts plus élevés pour les plus riches et certaines grandes entreprises. Le Premier ministre français Michel Barnier entend combler un énorme trou dans les finances publiques avec ces mesures. Dans le même temps, il promet de protéger les classes moyennes et inférieures. Le budget 2025 constitue le principal casse-tête du nouveau gouvernement transalpin, qui verra le jour le 23 septembre, plus de deux mois après les élections de juillet.

Les déclarations du locataire du Palazzo Matignon suscitent une certaine inquiétude dans une Assemblée nationale qui n’a jamais été aussi fragmentée. Tant l’opposition de gauche, incarnée par le Nouveau Front populaire, que l’opposition d’extrême droite du Rassemblement National promettent de voter la défiance. Barnier, ancien négociateur du Brexit en Europe, vise à convaincre les partisans de Marine Le Pen et de Jordan Bardella de le soutenir, en promettant des mesures plus rigoureuses en matière d’immigration. Toutefois, la possibilité d’une augmentation des impôts pour les riches pourrait les dissuader.

Le déficit en hausse pour la France

La France doit contenir un déficit budgétaire en croissance rapide, mais la perspective d’une augmentation des impôts effraie le pays. Et Barnier le sait. « Ils n’augmenteront pas encore les impôts pour tous les Français, ni pour les plus modestes, ni pour les travailleurs, ni pour les classes moyennes, mais je ne peux pas exclure les plus riches de l’effort national pour redresser la situation », a rassuré le premier ministre en s’exprimant. à la télévision France 2 le 22 septembre. La dette totale de la France est égale à 110 % du PIB, soit environ 3,2 millions d’euros.

Les recettes fiscales ont été plus faibles que prévu, tandis que les autorités locales ont dépensé beaucoup plus. Le déficit budgétaire du secteur public s’est ainsi effondré, dépassant 5 % du PIB (Produit intérieur brut), en violation des règles de l’Union européenne qui fixaient le seuil à 3 %. La situation a également soulevé les antennes des agences de notation, qui examinent avec attention les décisions françaises. « Une grande partie de notre dette a été placée sur les marchés internationaux et étrangers. Nous devons maintenir la crédibilité de la France », a déclaré M. Barnier lors de l’interview diffusée à la télévision française.

Plus d’impôts pour les riches en France

L’ancien négociateur en chef du Brexit doit rattraper un temps précieux car la préparation du budget a connu un retard sans précédent. Le chef du gouvernement a qualifié la situation budgétaire du pays de « très grave ». Tout en soulignant que « les plus riches doivent participer à l’effort de solidarité », Barnier n’a pas expressément évoqué la réintroduction d’un impôt sur la fortune, pourtant réclamée par la gauche.

Parce que la démarche de Macron est une ouverture à l’extrême droite de Le Pen

Le nouveau Premier ministre s’est dit « ouvert aux changements » pour améliorer la réforme très contestée des retraites mise en œuvre l’année dernière par le président Emmanuel Macron. Toutefois, tout changement, a souligné Barnier, ne devrait pas compromettre les finances précaires du système de retraite. Parmi les personnes à protéger, par exemple, figurent les mères qui travaillent, qui sont confrontées à de nombreuses difficultés au cours de longues carrières mais avec des salaires inférieurs.

L’équipe de « parfaits inconnus » de Barnier

L’équipe gouvernementale, composée de 39 membres, se réunit pour la première fois le 23 septembre pour un « petit-déjeuner gouvernemental », visant à renforcer les relations entre les membres. Le Conseil des ministres est le résultat d’une coalition composée principalement de membres de la droite des Républicains et des centristes de Renaissance, le parti du président français. Une équipe où il y a peu de connaissances et de confiance. La rencontre avec Macron est prévue le même jour à 15 heures, celui qui a longtemps œuvré pour créer un gouvernement qui excluait à tout prix les représentants du Nouveau Front Populaire, la coalition de gauche qui avait obtenu le plus grand nombre à l’élection présidentielle. les sondages de voix, sans toutefois obtenir la majorité à l’Assemblée nationale.

Le risque d’une défiance immédiate pour Barnier

Le nouveau gouvernement risque d’être immédiatement découragé, face aux menaces des oppositions de gauche et d’extrême droite. Le premier ministre vise avant tout à convaincre Marine Le Pen et le Rassemblement national de Jordan Bardella de le soutenir même s’il n’intègre pas officiellement l’équipe gouvernementale. Parmi les armes de séduction : la promesse de Barnier d’être dur envers l’immigration. « Nous avons besoin d’une réponse européenne. Nous devons également agir chez nous », a déclaré le chef du gouvernement.

« Nous devons aborder la question de l’immigration de manière beaucoup plus rigoureuse », a-t-il ajouté sans en préciser les modalités. Toutefois, aucune possibilité de médiation ne semble envisageable avec la coalition NFP, qui a déjà programmé une motion de censure le 1er octobre, lors de la présentation du discours politique général de Barnier. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, a appelé à éliminer au plus vite ce « gouvernement de perdants », n’ayant « ni légitimité ni avenir ».