L’assaut d’Unicredit contre Bpm pour stopper le seul « troisième pôle » naissant : le bancaire
L’offre publique d’échange lancée par Unicredit sur Banco BPM représente bien plus qu’une simple opération de marché : c’est une étape qui pourrait redessiner tout le paysage bancaire italien. Et quand on parle des banques, surtout en Italie, on parle du contrôle non seulement des activités caractéristiques des institutions financières, mais aussi du contrôle de nombreux autres leviers de pouvoir (y compris les participations dans les entreprises, les prêts et les investissements immobiliers). Il faut également considérer les déclarations des représentants les plus importants de la Ligue, du vice-premier ministre Matteo Salvini et du ministre de l’économie, Giancarlo Giorgetti.
Si l’attaque contre Bpm réussissait – ce qui est tout sauf acquis – Unicredit deviendrait le premier groupe bancaire du pays, mais un scénario de marché émergerait essentiellement autour de deux grands pôles principaux : d’un côté Intesa Sanpaolo, de l’autre autre autre Unicredit.
L’opération lancée par le PDG Andrea Orcel vise précisément à tuer dans l’œuf ce qui a toutes les caractéristiques pour devenir un troisième hub bancaire qui, dirigé par Bpm, regrouperait également Monte dei Paschi, Anima et d’autres opérateurs plus petits qui relèveraient de la Bpm. orbite. Une agrégation qui pourrait également intéresser d’autres opérateurs et donc potentiellement entraver les ambitieux projets d’expansion d’Unicredit qui, comme on le sait, se tournent également vers l’étranger.
Le groupe italien (mais qui dispose d’une structure d’entreprise variée et internationale) a lancé il y a quelques semaines son offre publique d’achat sur Commerzbank, la deuxième institution bancaire allemande. Cette opération se heurte cependant à des obstacles majeurs, parmi lesquels la résistance des syndicats allemands, le scepticisme du gouvernement berlinois et un climat d’incertitude politique lié aux élections anticipées en Allemagne.
Pourquoi Giorgetti et Salvini défendent Bpm contre Unicredit
Les obstacles à l’intérieur des frontières nationales ne semblent pas être d’une importance mineure. Outre la froideur de Salvini et Giorgetti (résultat également de l’enracinement du Bpm et de l’ancrage territorial de la Ligue dans les territoires où le Bpm est le plus fort), une réduction du marché à un duopole substantiel suscite des doutes, pour ne pas dire des inquiétudes.
Les inquiétudes exprimées dans les milieux parlementaires de la majorité et de l’opposition concernent les répercussions potentielles importantes pour les usagers, qu’ils soient familles, entreprises ou particuliers. Dans un contexte où les alternatives sont moins nombreuses, le risque d’un affaiblissement de la concurrence pourrait être réel, avec de possibles effets négatifs à plusieurs points de vue.
Il est également vrai, cependant, que des structures plus solides pourraient mieux faire face aux défis mondiaux, mieux répondre aux besoins des entreprises pour être compétitives à l’échelle mondiale, et susciter des investissements nouveaux et plus importants. Toutes les évaluations qui, dans le cadre de l’opération Unicredit-BPM, et auxquelles le marché décidera s’il peut/doit se soumettre ou non, finissent actuellement en arrière-plan.
Ce qui est sûr, c’est que les acteurs impliqués dans cette affaire ne resteront pas les bras croisés. Les autres institutions bancaires ne le feront pas, les actionnaires de Bpm (dont certains sont également impliqués dans Unicredit) et le Gouvernement ne le fera pas, qui est même allé jusqu’à évoquer, par la bouche du Ministre Giorgetti, l’utilisation du pouvoir doré. Nous comprendrons dans les prochains jours si nous sommes à la veille d’un nouveau risque bancaire.