La Chine empêche l’inspection à bord du navire qui aurait rompu des câbles dans la Baltique

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Aucun accès des autorités suédoises au navire chinois lié à la rupture de deux câbles sous-marins de communication à fibres optiques en mer Baltique. C’est ce que rapportent les enquêteurs suédois, qui n’étaient pas autorisés par Pékin à mener des investigations à bord du navire marchand chinois. Et ce malgré les assurances de Pékin, qui s’était dit prêt à « coopérer » avec les autorités régionales.

Les enquêtes sont lentes et entravées

Prenons du recul. Les 17 et 18 novembre, deux câbles de télécommunications ont été coupés dans les eaux territoriales suédoises de la mer Baltique. Les soupçons se sont rapidement accumulés sur un navire battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, qui naviguait dans la zone au moment de l’incident, selon les sites internationaux qui suivent les mouvements des navires. Le Yi Peng 3, qui était ancré dans les eaux internationales du détroit de Kattegat, entre la Suède et le Danemark, serait en route vers Port-Saïd en Égypte.

C’était effectivement le cas. Parce que le site de suivi des navires Vesselfinder a montré samedi le Yi Peng 3 se dirigeant vers le nord hors du détroit. Aujourd’hui, la confirmation est arrivée de Pékin : le navire est parti « pour garantir le bien-être physique et mental de l’équipage ». Selon ce qu’a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, « la Chine est disposée à maintenir la communication et la coopération avec les pays impliqués pour mener à bien la gestion de l’incident », a-t-elle ajouté, précisant que Pékin a informé à l’avance « les pays concernés » que le le navire quitterait le détroit de Kattegat.

Navire chinois, capitaine russe : ce que l’on sait du prétendu sabotage de câbles dans la Baltique

Mais la demande des autorités suédoises de monter à bord du navire pour poursuivre l’enquête reste d’actualité et inchangée. Jeudi dernier, les autorités suédoises, allemandes et finlandaises, accompagnées d’un observateur danois, ont été invitées à monter à bord du cargo pour une enquête menée par Pékin. Le procureur Henrik Soederman a confirmé aujourd’hui à l’AFP qu’aucune mesure n’avait pu être prise sur le navire dans le cadre de l’enquête suédoise, qu’il s’agisse d’interroger des membres de l’équipage ou d’enquêtes techniques.

Mais l’autorité suédoise enquêtant sur les accidents a pu, dans le cadre strict de l’enquête chinoise, mener en parallèle ses propres investigations. « Par exemple, parler aux membres d’équipage et procéder à des évaluations techniques », a souligné le directeur général de Shk à l’AFP, sans préciser s’il y avait eu des échanges entre son Autorité et le parquet.

L’accusation de sabotage liée à la guerre en Ukraine

Fin novembre, la Suède avait demandé la collaboration de la Chine à l’enquête, précisant, par la voix du Premier ministre Ulf Kristersson, qu’aucune « poursuite » n’était en cours. Les incidents suspects se sont multipliés dans la mer Baltique et dans la mer du Nord depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février.
2022.

Pourquoi tant d’intérêt pour cette affaire ? Ces actions, qui visaient particulièrement les infrastructures énergétiques et de communication, selon les experts et les politiques, s’inscrivent dans le contexte de la guerre hybride entre la Russie et les pays occidentaux, qui a atteint son apogée après le déclenchement du conflit en Ukraine.