Quel animal est Godzilla ? Voici ce que dit la science au-delà du phénomène cinématographique

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Le 3 novembrele jour de la sortie du film « Gojira » en 1954, les fans célèbrent le Journée Godzilla. Ce n’est pas seulement une occasion pop : c’est l’occasion de poser une question qui ressemble à une blague mais qui ouvre au contraire des portes très sérieuses sur la biologie des géants, sur la physique des fluides et sur la façon dont la science explique les limites du possible. Si on enfile la blouse et qu’on enlève la nostalgie, que reste-t-il du roi du kaijū ? Un dinosaure ? Un reptile muté ? Une créature amphibie plausible ? Si nous devons répondre en tant que scientifiques, la forme bipède terrestre du monstre de plusieurs dizaines de mètres de haut ne peut pas tenir debout : le loi du carré-cubecontraintes mécaniques ils l’écrasent. Si nous pensons à un animal amphibie ou marin à dominantecertaines difficultés sont atténuées : la physique des fluides accorde quelque chose, tout en imposant d’autres prix (pressions, décompression, respiration, énergie). Et le nom ? La culture académique du cinéma nous rappelle que « Gojira est un symbole devant un animal. Mais ce symbole même, placé sur le banc des expériences conceptuelles, nous aide à raconter l’histoire comment la science explique l’impossible: à travers contraintes — mathématiques, physiques, causales — qui délimitent la carte du vivant. Le fil conducteur est simple : la science, lorsqu’elle parle de Godzilla, utilise le mythe pour expliquer parce que certaines formes de vie peuvent exister et d’autres ne le peuvent pas.

Versions cinématographiques et interprétations biologiques au fil des années

L’histoire cinématographique de Godzilla a offert de nombreuses interprétations biologiques et symboliques différentes au fil des ans. Dans la série japonaise Heisei, Godzilla est représenté comme un ancien Godzillasaureun reptile préhistorique a survécu à l’extinction et muté par les essais nucléaires; dans la version américaine de 1998, il devient uniguane marin agrandi des expériences françaises dans le Pacifique ; dans la saga la plus récente du MonsterVerse, il s’agit plutôt d’un titanide primordialqui a émergé du Permien e nourri par le rayonnement géothermique.

Son apparence physique a également évolué : dans les films modernes, les épines dorsales changent de couleur, du bleu vif au violet ou au rose, pour symboliser différents états énergétiques ou émotionnels de la créature. Mais son identité biologique reste volontairement ambiguë: dans certaines versions il s’agit d’un mâle (le « Roi des Monstres »), dans d’autres une femelle capable de pondre, mais en langue japonaise le terme « Gojira » est neutresans genre grammatical. Ces variations n’effacent pas la dimension scientifique du mythe : elles montrent plutôt comment la pop culture réélabore, de temps en temps, hypothèses évolutives et mutations fantastiques que la vraie science peut analyser comme des métaphores de nos limites biologiques et technologiques.

La voix de Bibliographies d’Oxford sur Godzilla présente le film de 1954 comme un tournant mondial du cinéma monstre et de la culture visuelle : un personnage capable de traverser les décennies, les formats, les pays et les réinterprétations. Ce cadre est utile pour deux choses : premièrement, se rappeler que l’animal « Godzilla » est né comme métaphore puissante; deuxièmement, prendre au sérieux la question biologique sans confondre le symbole avec la zoologie.

étoile godzilla

Un « vrai » parent de Godzilla : le dinosaure nommé Gojirasaurus quayi

La paléontologie nous donne une base concrète. En 1997, Kenneth Carpenter a décrit en détail un grand théropode du Trias du Nouveau-Mexique et l’a nommé Gojirasaurus quayi: une durée estimée à environ 5,5 mètres, dents dentelées, membres postérieurs robustes, queue importante pour l’équilibre. Un des premiers prédateurs selon les normes du Trias supérieur, et – un détail non trivial – encore immature au décès, donc avec des marges de croissance. La relecture de Christopher Griffin, vingt ans plus tard, situe ces « premiers géants » dans un cadre évolutif plus large : déjà au Trias le néothéropodes ils explorent des tailles plus grandesbien que rare et souvent représenté par des individus jeunes. En d’autres termes : la nature a vraiment « prouvé » de grandes formes bipèdes, mais dans certaines limites de construction.

Pourquoi les géants s’effondrent : quand les mathématiques dictent la loi au corps

Entre ici en jeu un concept clé que la philosophe des sciences Lauren Ross propose comme « explication par contraintes » : il y a lois mathématiques, physiques et contraintes causales qui n’« enclenchent » pas un phénomène, mais ils délimitent ce qui peut exister. Godzilla est l’exemple parfait pour comprendre le contrainte mathématique appelé loi du carré-cube: si on double les dimensions linéaires d’un animal, sa masse grandit avec le cubemais les sections de les os et les muscles seulement avec le carré. Résultat : la masse augmente plus vite que la capacité à la supporter. Et c’est la limite du possible.

Les (sérieux) chiffres sur Godzilla

A la fin des années 1990, Per Christiansen, zoologiste, tente d’estimer masse et plausibilité biomécanique du film cinématographique Godzilla utilisant un modèle réduit et le principe d’Archimède (le même que celui utilisé pour les vrais dinosaures).

modèle godzilla

Les comptes sont impitoyables. En fonction de la taille choisie dans les films, Christiansen propose des estimations approximatives de la taille et du poids de Godzilla. Pour une hauteur d’env. 61 mle monstre devrait peser sept mille (≈ 7058) tonnes. En supposant plutôt une hauteur d’environ 91,5 m, ça pèserait plus que vingt-trois mille (≈ 23 822) tonnes.

Avec des charges similaires, la locomotion bipède terrestre devient un cauchemar : les membres et les muscles en résultent trop petit déplacer cette masse « au pas », voire « au pas ». Paradoxe intéressant souligné par Christiansen : la version japonaise classique, plus trapu et plus lentil s’avère biomécaniquement moins absurde de la version allégée et très rapide de certaines filmographies occidentales.

Godzilla « fonctionne » mieux s’il est (aussi) marin

Le continent est impitoyable avec les géants, le mer c’est un peu moins le cas. Là Poussée archimédienne allège les charges sur les os et les muscles. Sur ce terrain, Nicolas Dietrich propose une analyse brillante et quantitative s’inspirant du film Godzilla moins un. L’idée du film est : créer du lien réservoirs de fréon au corps du monstre, fais-le descendre jusqu’à 1 500 m de profondeur et puis soulevez-le brusquement, faisant confiance au décompression mortel.

Dietrich pose le problème comme il le ferait en laboratoire : il émet des hypothèses pour Godzilla ~20 000 tonnes de masse et densité ~800 kg/m³ (valeur « semi-aquatique » qui le rendrait essentiellement flottant), il suppose Réservoirs de 50 L et propriétés connues du fréon (liquide ~1 174 kg/m³gaz ~5 kg/m³), applique les lois de flottabilité, thermodynamique Et Boyle. La conclusion est double :

  • en termes logistiques, il faudraitarmée improbable de cylindres pour vaincre la poussée ;
  • à 1 500 m la pression est ~14,7 MPa: une créature véritablement adaptée (comme les grands mammifères marins, par analogie en principe) pourrait être survivre à la phase profonde e atténuer dégâts dus à la montée.

Le problème n’est pas « Godzilla existe » : c’est ça dans l’eau certaines conditions deviennent plus défendable par rapport à la structure entièrement terrestre. L’océan, comme contrainte causalité physique, canal les possibilités du corps.

La biologie reste sceptique quant à la « mutation des radiations »

Le récit original relie Godzilla au radiation. Ici, la science est froide : l’exposition ionisante, dans le monde réel, n’orchestre pas de mutations coordonnées capables de générer des structures et des organes de manière macrofonctionnelle (cause le plus souvent des dommages mortels ou délétères). Christiansen le souligne également, en raisonnant sur la croissance et la physiologie. des obstacles insurmontables pour un reptile terrestre de dimensions similaires : métabolisme, apport d’oxygène, thermorégulation. La métaphore reste très puissante, la plausibilité biologique non.