Migrant tué en mer par les garde-côtes, sa famille sera indemnisée

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La violence utilisée par les garde-côtes grecs lorsqu’ils ont décidé de tirer sur un bateau de migrants en 2014 était « absolument inutile » ni proportionnée. Un Syrien a payé les frais et est décédé quelques mois plus tard des suites de ses blessures graves. C’est ce qu’a établi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a condamné à Strasbourg la Grèce pour violation du droit à la vie, du point de vue substantiel et procédural, de l’homme qui se trouvait à bord du bateau et a été mortellement blessé par les coups de feu. Les juges ont fixé une indemnisation de 80 000 euros pour sa femme et ses enfants, qui vivaient déjà en Suède au moment des faits.

L’accident s’est produit à une courte distance de la côte

La décision concerne le cas d’Alkhatib et d’autres contre la Grèce. L’affaire concernait une grave blessure par balle subie par un membre de la famille des requérants le 22 septembre 2014 près de l’île de Pserimos, lorsqu’un navire transportant illégalement des personnes vers la Grèce avait été intercepté par les garde-côtes helléniques. Le patrouilleur, qui patrouillait avec un équipage de deux personnes, a repéré un hors-bord sans marquage ni drapeau distinctif, qui entrait dans le golfe de Vassiliki à environ 500 mètres de la côte nord-est de l’île. Le commandant des garde-côtes avait ordonné au bateau à moteur de s’arrêter, mais celui qui conduisait le bateau à moteur avec les migrants ne s’est pas conformé et s’est lancé dans des manœuvres dangereuses qui ont entraîné une déchirure de la chambre à air du patrouilleur.

Coups de feu sur le bateau à moteur avec des migrants

À ce moment-là, lit-on dans la phrase, le commandant avait ordonné au pilote de tirer quelques coups de semonce, mais le bateau à moteur avec les migrants ne s’était en aucun cas arrêté. Le commandant a alors ordonné à son collègue de percuter le bateau à moteur pour le mettre hors service. Il ressort du procès-verbal établi le jour de l’accident qu’au total, « sept coups de sommation ont été tirés » et « 13 coups visant le moteur du bateau à moteur », soit un chargeur plein de 20 balles. Parmi les 14 personnes à bord, deux citoyens syriens ont été grièvement blessés : l’un a été touché à l’épaule et l’autre, Belal Tello, a été touché à la tête. Transporté aux soins intensifs de l’hôpital de Rhodes, Tello a ensuite été transféré en Suède où vivaient déjà sa femme et ses deux enfants (les appelants dans l’affaire). Malgré les soins, Tello est décédé le 17 décembre 2015 des suites de blessures graves résultant de l’incident avec les garde-côtes.

Les violations de la Grèce

Selon les juges, la violation substantielle découle du fait que le gouvernement grec n’a pas introduit de loi réglementant l’usage de la force potentiellement meurtrière dans les opérations de surveillance maritime. La Cour souligne également que les garde-côtes, estimant que le navire transportait des passagers, n’avaient pas exercé la vigilance nécessaire pour minimiser les risques pour la vie des passagers. Concernant l’aspect procédural, la Cour a observé que l’enquête menée par les autorités nationales présentait de nombreuses lacunes, qui ont entraîné la perte de preuves, affectant le caractère adéquat de l’enquête.