Les listes de honte qui embarrassent Elly Schlein
Les mains de l’histoire italienne se sont à nouveau retournées. Malgré les inquiétudes constantes concernant le retour du fascisme, c’est la noirceur des années de plomb qui refait surface avec force dans le paysage politique italien. Les listes d’interdiction dressées par le (nouveau) Parti communiste contre des hommes politiques, des journalistes et des représentants du monde de la culture « prosionistes » démontrent fondamentalement deux vérités indicibles pour la gauche.
Les listes sionistes, comme les Brigades rouges
La première est que l’antisémitisme sévit aussi et surtout parmi les « kompagni » et, deuxièmement, que les Brigades rouges continuent de récolter des prosélytes. Les menaces contre les journalistes des principaux journaux de centre-droit, comme Alessandro Sallusti, Augusto Minzolini, Maurizio Belpietro et Daniele Capezzone, semblent anticiper les « mises à genoux » dont fut victime Indro Montanelli dans les années 1970.
Des journalistes proches du centre-gauche comme le directeur de La Stampa Maurizio Molinari et le chroniqueur Paolo Mieli se sont également retrouvés dans le viseur des nouveaux communistes et, dans ce cas, la mémoire revient à Walter Tobagi, journaliste catholique et socialiste tué en 1980 par des extrémistes de gauche.
Faut-il avoir peur d’un chef ?
La dure et grossière vérité que nous essayons souvent de cacher est que l’extrémisme de gauche a frappé non seulement pendant les années Piombo, mais aussi au cours du nouveau millénaire. Les assassinats des avocats du travail Massimo D’Antona et Marco Biagi remontent en effet respectivement à 1999 et 2002. En pratique, à avant-hier. Bien entendu, les petits partis, le (nouveau) Parti communiste ou le Carc, le parti des Comités de soutien à la résistance au communisme, dont le principal représentant de la soi-disant société civile est le Chef Rubio, ne devraient pas faire peur. Du moins, en théorie.
Dans la pratique, l’antisémitisme ne concerne pas seulement l’extrême gauche, mais aussi, de manière plus subtile, le centre-gauche plus modéré. Le silence d’Elly Schlein sur toute cette affaire est assez troublant.
Sachant que tout type d’extrémisme doit être condamné, ce silence assourdissant du secrétaire du Parti démocrate se heurte au tumulte mené, même au niveau européen, contre une centaine de néofascistes nostalgiques qui ont fait le salut romain en mémoire du victimes du massacre d’Acca Larentia. Dans ce cas, nous ne sommes pas confrontés à la célébration plus ou moins discutable des représentants politiques des années 70 ni à des manifestations folkloriques comme celles vues dans les vidéos de Fanpage.
Les mots prononcés par les garçons de la « jeunesse mélonienne » sont des mots. Des propos répréhensibles, mais toujours des menaces non ciblées visant des personnalités publiques comme dans le cas des listes d’interdiction des nouveaux communistes. Mais pas seulement. Fratelli d’Italia a immédiatement condamné les propos antisémites prononcés par les jeunes du Gioventù Nazionale, tandis que le silence régnait de la part du centre-gauche italien et de personnalités comme Roberto Saviano ou Michele Santoro.
Même rejeter l’affaire en affirmant simplement que le Parti démocrate n’a rien à voir avec ces groupes de gauche est bien trop commode et même pas tout à fait vrai. Haine ou aversion envers Israël, que Netanyahu soit ou non Premier ministre. Fini les hypocrisies, même un socialiste ne se serait pas comporté très différemment de lui puisque, au 7 octobre, il y a encore trop d’Israéliens aux mains du Hamas.
La distinction entre antisémitisme et antisionisme ne tient plus et ressemble à une très grande feuille de vigne qui ne sert qu’à camoufler les apparences. Le Parti démocrate et le centre-gauche sont invités à prendre leurs distances.