Le Gulf Stream risque de s’effondrer en moins de 100 ans : les conséquences sur le climat

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La crise de Flux du Golfe continue et l’effondrement du courant océanique pourrait s’arrêter au cours du prochain siècle, avec un impact énorme sur le climat en Europe et dans le reste du monde. Ceci est confirmé par une étude publiée dans Avancées scientifiquesce qui indique un risque important de blocage de la circulation thermohaline atlantique appelée AMOC (Circulation inversée au sud de l’Atlantique, « renversement vers le sud de la circulation atlantique »). Un mécanisme complexe, qui fait intervenir de nombreux courants profonds et de surface et auquel est lié le plus connu Flux du Golfe.

Cela représente le bras nord-atlantique d’une circulation océanique vaste et complexe qui affecte le globe entier, connu précisément sous le terme AMOC – dont la présence est fondamentale dans le transport et la distribution de chaleur, de carbone et de nutriments du tropique vers l’Arctique. En simulant la tendance sur une période de 2000 ans grâce à des modèles informatiques du système climatique mondial, l’étude conclut qu’un arrêt brutal de ce mécanisme pourrait survenir en moins de 100 ans.

Il n’y a pas encore suffisamment de données pour savoir exactement quand cela se produira, mais la preuve scientifique est arrivée qu’il existe un « point de non retour » vers laquelle nous nous dirigeons rapidement. Une fois ce seuil dépassé, le Gulf Stream est voué à se bloquer complètement dans les 4 décennies.

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L’importance des courants océaniques et de leur circulation

Il faut imaginer l’AMOC comme une sorte de «tapis roulant » qui déplace les courants océaniques en raison de la différence de densité de l’eau. Cette circulation, dont fait également partie le Gulf Stream, joue le rôle fondamental de équilibreur climatique et il se déclenche essentiellement grâce au poids de l’eau et donc à sa densité : plus l’eau est froide et salée, plus sa densité est grande, et plus sa masse coule facilement. Tandis que si l’eau est tiède et douce (c’est-à-dire non salée), elle est plus légère et reste donc plus longtemps en surface.

C’est précisément cette différence de densité qui permet aux courants chauds de se déplacer de l’équateur vers le cercle polaire arctique, apportant ainsi de la chaleur aux régions du nord de l’Europe. Une fois arrivées à destination, les masses d’eau se refroidissent, deviennent denses puis coulent, laissant à nouveau place aux courants chauds venus de l’équateur. C’est le processus qui a permis au climat du nord de l’Europe de rester tempéré et sensiblement stable au cours des 10 000 dernières années.. Il est donc clair que son interruption peut modifier considérablement le climat mondial.

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Les raisons du risque de blocage de l’AMOC et du Gulf Stream

Mais aujourd’hui, le système qui vient d’être décrit doit faire face aux le réchauffement climatiqueà cause de laquelle les glaces de l’Arctique et du Groenland fondent trop et trop rapidement, déverser de l’eau douce dans l’océan et diluer ainsi la salinité des eaux de l’Atlantique Nord. Cette diminution de la salinité rend l’eau moins dense et moins encline à couler à mesure qu’elle recule vers le sud, après avoir atteint le Groenland, en contournant l’Amérique. Moins d’eau froide coule, moins d’autres eaux chaudes sont poussées vers le nord, ce qui a pour conséquence un ralentissement du Gulf Stream depuis des décennies.

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Des études antérieures à cette dernière, basées sur les températures de surface des océans, ont montré que le Courant a déjà ralenti de 15% par rapport à 1950 et qui se trouve aujourd’hui dans sa phase la plus faible depuis plus d’un millénaire. Une menace en soi connue depuis un certain temps, mais que les scientifiques dessinent désormais avec des contours plus précis : déjà en 2023, en effet, une autre étude menée par l’Institut des sciences mathématiques de Copenhague en était venue à émettre l’hypothèse de l’effondrement du système. entre 2025 et 2095avec un intervalle de confiance de 95 %.

Les conséquences de l’effondrement sur le climat terrestre

Les différents scénarios proposés par des modèles informatiques de pointe considèrent l’Europe centrale et septentrionale et l’Arctique comme l’épicentre d’éventuelles catastrophes. choc climatique. Dans L’Europe  nous nous retrouverions à vivre, quelques années après l’interruption du Gulf Stream, avec des hivers extrêmement froids, notamment sur la Scandinavie et le Royaume-Uni. Voici les températures diminuerait de 3°C tous les dix anstandis que certaines régions de Norvège pourraient connaître des baisses de température de plus de 20°C.

Les précipitations seraient considérablement réduites en raison de l’apport moindre de chaleur et de vapeur d’eau. la banquise arctique s’étendrait beaucoup plus au sud. Autant de changements soudains et intolérables de la part des écosystèmes marins et terrestres actuels, dont l’effondrement entraînerait une énorme crise économique et sociale à l’échelle continentale.

Mais l’Europe ne serait pas la seule région touchée. Le niveau de l’océan Atlantique augmenterait de 70 cm, submergeant de nombreuses villes côtières. Les précipitations dans la forêt amazonienne subiraient un changement radical, la transformant en prairie, et l’hémisphère sud deviendrait de plus en plus chaud.

Cependant, de tels scénarios ils ne prennent pas en compte le réchauffement climatique actuel et ont été émises comme hypothèses dans un système climatique non altéré par les émissions anthropiques. Il faut donc se demander comment une planète aussi chaude et concentrée en CO va réagir à un éventuel blocage2 au plus haut niveau depuis 14 millions d’années ? La réponse est loin d’être simple. Certaines études ont simulé l’interruption du courant thermohalin dans le scénario de réchauffement le plus plausible à ce jourc’est-à-dire celui de +2,5°C d’ici 2100. On observerait un refroidissement important de l’hémisphère Nordbien qu’en partie atténués par le forçage thermique préexistant, tandis que dans l’hémisphère sud, les effets seraient largement masqués par les conditions climatiques antérieures.

Mais d’une manière générale, de nombreuses incertitudes demeurent quant à l’impact qu’aurait un événement de cette ampleur sur une planète soumise à un autre changement, tout aussi marqué et soudain, mais de signe opposé. Entre autres choses, les zones qui subiraient les effets les plus lourds, Arctique et L’Europe il y en a aussi deux point chaud du réchauffement climatique actuel et donc du changement climatique en cours : un aspect qui rend les simulations encore plus difficiles. Il ne fait cependant aucun doute que nous parlons d’un événement, celui de l’effondrement du courant thermohalin de l’Atlantique, qu’il faut absolument éviter, car les conséquences seraient extrêmement négatives, selon toutes les publications concernées. Et pour y parvenir, bien sûr, il faut travailler vite et drastiquement diminution des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphèrenotamment le CO2.