La Cour de La Haye est un jour historique
Devant le monde, devant l’humanité toute entière, l’État d’Israël devra désormais répondre de ce qui se passe dans la bande de Gaza. La décision de la Cour de La Haye, qui a rejeté la demande israélienne de rejet des accusations de génocide portées par l’Afrique du Sud, est le premier véritable cri de justice lancé par l’establishment mondial, après presque 4 mois de guerre et plus de 26 000 morts, dont 10 000 enfants (données Save The Children).
En rejetant la demande de non-lieu, la Cour a déclaré qu’Israël devait prendre d’urgence « toutes les mesures en son pouvoir » pour empêcher les actes prévus par la Convention sur le génocide. Malgré cela, il n’a ordonné ni l’arrêt des opérations militaires ni un cessez-le-feu (des actions qui n’étaient cependant pas en son pouvoir). Mais il s’agit quand même d’une condamnation historique, car la Cour de La Haye est composée de 15 juges indépendants, mais choisis par les États membres et, pour cette raison, dans 90 % des cas précédents, les condamnations reflétaient les positions des pays respectifs. Aujourd’hui encore, dans la salle d’audience, de nombreux alliés d’Israël étaient présents, mais cette fois, il a été décidé que ce qui se passe en Palestine n’était plus tolérable.
Les prochaines actions d’Israël
Il nous faudra désormais attendre les prochaines actions d’Israël. Il est peu probable qu’il respecte la sentence. L’espoir est que cela représente un choc interne pour le gouvernement Netanyahu, déjà chancelant, même si le Premier ministre a qualifié cette décision de « honte », expliquant que la guerre se poursuivra jusqu’à « la victoire absolue ». Mais désormais, Netanyahu sera jugé non seulement par son pays, mais par le monde entier : à Gaza, la famine persiste, les morts sont enterrés dans des fosses communes, il est difficile de dire jusqu’où son gouvernement décidera d’avancer.
Samedi est la Journée internationale du souvenir des victimes de l’Holocauste, désignée en 2005 par une résolution de l’ONU lors d’une réunion plénière. Génocide, Holocauste, quelle est l’ampleur de l’inacceptable ? Combien de sang pouvons-nous contenir dans un seul mot, combien de douleur, combien de destruction ? Aujourd’hui plus que jamais, la Palestine et Jérusalem sont redevenues le centre du monde autour duquel gravitent la mort et la haine mutuelle comme on n’en a peut-être pas vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les paroles de Marx me viennent à l’esprit, à propos de l’histoire qui se répète toujours deux fois, la première comme une tragédie, la seconde comme une farce. Peut-être qu’il avait tort.